Avec notre envoyé spécial dans la région de Hajin, Sami Boukhelifa
Le long de l’Euphrate, non loin du front de Hajin, dans les territoires libérés, une succession de villages et un chapelet de destruction peuvent être vus près de champs de bataille où se trouvaient, il y a quelques jours encore, des Forces démocratiques syriennes (FDS) et du groupe État islamique (EI).
Hadj Mohamed Wael a des terres dans le secteur, mais pour lui, impossible d’y aller : pour des raisons de sécurité, les forces kurdes interdisent l’accès à cette zone.
« Je ne sais pas si ce sont les Kurdes ou bien la coalition internationale qui nous empêchent de revenir sur nos terres, mais ils doivent absolument nous laisser rentrer chez nous, proteste le vieil homme en colère. Nos enfants vivent dans le dénuement le plus total, ils sont éparpillés dans les camps de réfugiés à Hassaké, à Raqqa, à Manbij et à Damas. Venez avec moi et vous verrez qu’il n’y a rien à craindre sur mes terres. Franchement, c’est incompréhensible. »
Selon les Forces démocratiques syriennes, même si les jihadistes ont battu en retraite, personne n’est à l’abri d’une attaque-suicide. Le risque étant trop grand, la population doit alors rester à l’écart.
Hadj Mohamed Wael dit pourtant ne pas craindre les jihadistes : « J’ai vécu quatre années sous le contrôle de Daech. Moi, je suis musulman, ils n’ont rien à me reprocher : je fais mes prières, je fais ramadan, j’ai une barbe, je porte une djellaba. Je n’ai jamais eu de problème avec eux, ils ne me font pas peur. »
Dans la région, les combattants des FDS sont postés tous les 300m sur la route principale qui mène au front. Malgré cela, des jihadistes du groupe État Islamique parviennent à s’infiltrer et à commettre régulièrement des attentats dans les territoires libérés.