Le Conseil sécurité de l’ONU vote à l’unanimité l’envoi d’observateurs au Yémen

Le Conseil de sécurité a voté vendredi 21 décembre, à l’unanimité, un projet de résolution autorisant l'envoi d'observateurs au Yémen, ainsi que l’accord de Stockholm, dans une version très affaiblie et sans portée politique. Avec ses observateurs, l’ONU veut toutefois surveiller la cessation des hostilités, convenues au sortir des discussions inter-yéménites. Une mission difficile, à l'image du cessez-le-feu annoncé sur la ville portuaire d'Hodeïda qui peine à être respecté.

Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau

C’est la première résolution en quatre ans de conflit au Yémen et les diplomates forment le vœu pieux qu’elle représente un tournant pour la paix dans le pays. L’optimisme est cependant mesuré : non seulement le texte a été très affaibli pour retirer toute mention des violations du droit humanitaire et de la terrible famine qui sévit dans le pays, mais il est aussi centré uniquement sur la mise en œuvre de l’accord de Stockholm. Celui-ci étant sans réelle portée politique.

Le secrétaire général de l’ONU est chargé d’ici la fin du mois de décembre de faire des propositions pour surveiller la trêve décidée dans le gouvernorat d’Hodeïda, ainsi que le retrait des combattants des ports de la mer Rouge. Il doit aussi proposer des options avant la fin décembre pour l’envoi d’une équipe plus large d’observateurs.

Mais c’est surtout le processus de négociation autour de cette résolution qui jette un voile noir sur sa réelle signification pour les Yéménites. Les Américains et les Koweïtis ont négocié jusqu’à la dernière minute pour le compte des Saoudiens et des Émiratis, Washington menaçant même à un moment de mettre un veto à un texte porté par leur allié britannique. Les pays du golfe ont d’ailleurs salué son adoption dans sa version très édulcorée.


L'équipe réduite d'observateurs aura une tâche difficile

Depuis mardi 18, date de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les habitants d'Hodeïda continuent de vivre dans le bruit de la guerre. Les équipes humanitaires espèrent que la venue d'observateurs des Nations unies permettra un début de pacification, explique Valentina Ferrante responsable de la mission Yémen d'Action contre la faim.

« Je pense que ce serait un premier pas pour mettre en place l'Accord de Stockholm. Bien sûr, nous accueillons positivement toute tentative de garder le calme et la paix. C'est ce qui a été également discuté à Stockholm. Maintenant, il faut voir comment les deux parties au conflit vont réagir et accepter cette observation extérieure. »

La mission des observateurs sera compliquée : l'Accord de Stockholm prévoit que le port d'Hodeïda passe sous contrôle des Nations unies et que les deux camps acceptent de se retirer de la zone. À l'heure actuelle, les rebelles contrôlent Hodeïda. L'intégralité des revenus de ce port par lequel transitent 80% des importations du pays revient donc pour l'heure aux Houthis. Il sera difficile de convaincre les troupes sur le terrain d'abandonner la stratégique Hodeïda.

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