Avec nos envoyés spéciaux à la frontière turco-syrienne, Murielle Paradon et Richard Riffonneau
Des dizaines de camions attendent en file indienne de pouvoir franchir le poste- frontière de Cilvegözü. Une fois les contrôles passés, les chauffeurs turcs emmènent de la marchandise en Syrie.
Mustafa fait des rotations tous les trois jours, il transporte des pommes de terre. « On part d’ici. Un kilomètre plus loin, il y a une zone douanière avec un endroit assez vaste, où des camions syriens attendent. On rapproche les véhicules et on transfère la marchandise des uns aux autres. »
Quand on lui demande s'il n’y a pas de danger là-bas, Mustafa répond par la négative, car dit-il « il y a l’armée turque ».
L’armée turque sécurise le nord de la région d’Idleb, cette province syrienne encore soumise aux bombardements du régime il y a quelques jours.
Osmane Yourtsever, un autre chauffeur turc, transporte lui une cargaison précieuse, du ciment. « Il y a une demande énorme pour le ciment car toutes les villes sont démolies. Et bien sûr le ciment est devenu très cher. Il y a beaucoup d’intermédiaires et ils profitent de la situation pour s’en mettre plein les poches. Les gens sont désespérés, ils sont dans une situation pitoyable, c’est la guerre. »
En temps de guerre, le commerce continue, mais il ne profite pas à tout le monde.