C'est le premier résultat concret de négociations entamées en février dernier entre la Turquie et les Etats-Unis. Il y a trois mois la tension entre les deux pays était à son comble. La Turquie avait lancé une offensive militaire à Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, alors encore tenue par les milices kurdes. « Il y avait une pression turque depuis le lancement de l’opération Rameau d’olivier sur Afrin qui avait montré la détermination du président Erdogan, ce qui posait un problème aux Américains qui ne souhaitaient pas que cela dégénère en conflit armé », rappelle David Rigoulet Roze, chercheur rattaché à l’Institut français d’analyses stratégiques, interrogé par RFI.
Si les YPG sont considérés comme forces terroristes par les Turcs, « l’obsession du président Erdogan, c’était de faire partir les Kurdes », rappelle encore David Rigoulet Roze, les Etats-Unis luttent à leur côté contre l'organisation Etat islamique. C'est d'ailleurs ensemble que les forces américaines et kurdes étaient entrées dans la ville de Manbij en 2016 faisant reculer le groupe terroriste.
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La prochaine étape de la feuille de route dessinée par Washington et Ankara pour éviter tout affrontement armé serait maintenant de constituer des patrouilles militaires américano-turques à Manbij. « Un accord a minima qui préserve les desiderata d’Erdogan et les impératifs stratégiques américains », conclut David Rigoulet Roze.
Selon un responsable américain, le retrait des forces kurdes de la ville répond à l'engagement des Etats-Unis à déplacer les YPG à l'est de l'Euphrate. Côté turc cependant, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que ce modèle pourrait être suivi dans d'autres secteurs au-delà du fleuve, comme par exemple à Raqqa ou Kobane toujours sous contrôle des YPG.