Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Le bruit de la canonnade a raisonné dans tout Damas, ce lundi 19 février, provoquant un vent de panique chez les habitants de la capitale. La télévision syrienne a précisé que les déflagrations étaient dues au pilonnage par l’armée des positions « terroristes », le terme utilisé par les médias étatiques pour désigner rebelles et jihadistes.
La reprise des bombardements intervient après deux jours de calme, qui ont accompagné des négociations entre le régime et les rebelles, qui tiennent cette vaste zone assiégée, où vivent encore 400 000 civils. Mais Mohammad Allouche, le chef de Jaych al-Islam, le plus important groupe rebelle de la Ghouta, a démenti l’existence de pourparlers avec les autorités de Damas.
Renforts de l'armée
Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahman, a déclaré que 300 roquettes sont tombées sur la Ghouta en plus d'une dizaines de raids aériens. Quelques obus tirés par les rebelles sont tombés sur la capitale, faisant des blessés.
Cette escalade de la violence survient aussi après l’arrivée d’importants renforts de l’armée syrienne dans la Ghouta. Des unités d’élite commandées par le célèbre général Souhail al-Hassan, équipées de dizaines de chars et de canons, se sont déployées à l’est de Damas, en prévision d’une vaste offensive. Les préparatifs sont terminées, les troupes n’attendent plus que l’ordre d’attaquer, a affirmé Rami Abdel Rahman.
Forces du Tigre
Le régime de Bachar el-Assad se montre déterminé à reprendre la Ghouta-orientale. Cette enclave rebelle aux portes de Damas, assiégée depuis cinq ans, est le théâtre d’une grave crise humanitaire.
Bombardée quasi-quotidiennement, cette région assiste désormais à l’arrivée de contingents militaires impressionnants. Le régime syrien vient d’y envoyer ses forces spéciales baptisées « les Forces du Tigre ». Selon le militant de l’opposition Akram Al Ahmad, celles-ci ont commis de véritables carnages dans d’autres régions du pays.
« La situation est vraiment catastrophique, raconte-t-il. Nous avons appris que les Forces du Tigre ont été déployées dans la Ghouta. Ces forces ont déjà combattu à Hama et dans la province d’Idlib. Elles ont recours à la stratégie de la terre brûlée ».
« Elles s’appuient sur l’aviation qui mène de violents bombardements, poursuit Akram Al Ahmad. Au sol, les puissants tirs d’artillerie ouvrent la voie aux troupes d’infanterie. Ces forces ont une puissance de feu extraordinaire, indescriptible. Nous l’avons déjà vu à Idlib. Douma, l’une des villes de la Gouta, subit actuellement des raids aériens, des tirs d’artillerie des tirs de missiles et tout cela au même moment ».