Syrie: la Ghouta orientale reçoit un premier convoi d'aide humanitaire

Des aides humanitaires sont arrivées mercredi 14 février dans la Ghouta orientale, a annoncé l'ONU. Il s’agit du premier convoi à entrer depuis fin novembre dans cette enclave rebelle à l'est de Damas, visée la semaine dernière par des raids aériens particulièrement meurtriers du régime syrien.

Un convoi inter-agences, des Nations unies et du Croissant-Rouge arabe syrien, composé de neuf camions transportant vivres et médicaments est « parvenu à Nachabiyé » et a pu « acheminer des vivres humanitaires, de la nourriture, des provisions sanitaires et nutritives, pour environ 7 200 personnes », explique Vanessa Huguenin chargé de la communication aux Nations unies pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« C’est une bonne nouvelle, dans un sens, parce qu’aucun convoi humanitaire n’avait réussi à atteindre la zone assiégée de la Ghouta depuis le début de l’année. Le dernier convoi humanitaire qui avait atteint Nachabiyé, c’était le 28 novembre 2017 », rappelle la responsable de l’OCHA, qui insiste néanmoins sur l’insuffisance d’une telle aide, en raison du nombre de personnes dans le besoin vivant dans la région.

Intensification des attaques

« On est très inquiets puisqu’il y a 400 000 personnes qui vivent dans cette zone assiégée et les conditions ont extrêmement difficiles, souligne Vanessa Huguenin. Il y a d’énormes pénuries alimentaires, au niveau de la santé. Et on est extrêmement inquiets parce qu’il y a eu un regain d’hostilités ces dernières semaines avec des centaines d’attaques aériennes, au sol, donc ils ont besoin de beaucoup plus d’aide au vue des évènements de ces dernières semaines. »

La semaine dernière, cinq jours de raids aériens ont fait plus de 250 morts et près de 775 blessés, un pic de violence sans précédent depuis plusieurs années dans la Ghouta orientale, pourtant régulièrement soumise à des bombardements du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'appel à l'aide des médecins de la Ghouta

Or, aucune aide ne peut rentrer dans la Ghouta orientale sans le feu vert des autorités de Damas. Une situation préoccupante qui a poussé 48 médecins exerçant dans cette zone assiégée à interpeller le président français. Ils demandent à la France d'agir à l'ONU et auprès de ses partenaires internationaux pour alléger les souffrances des civils syriens de la Ghouta orientale.

« Nous risquons nos vies tous les jours pour sauver celles des autres mais nous avons besoin de votre aide » écrivent ces 48 médecins au président Macron. Les signataires demandent à rester anonymes pour leur sécurité et celle de leurs proches.

Originaire de la Ghouta orientale, le docteur Mohammad Katoub a fui la région assiégée par le régime en 2014 et travaille désormais en Turquie pour une ONG syro-américaine. Il plaide pour un accès humanitaire sans conditions. « Les gens qui ont besoin d'un traitement médical devrait être autorisés à quitter la Ghouta orientale en dehors de tout accord politique ou militaire », estime-t-il.

Il s’inquiète particulièrement pour les patients nécessitant des soins complexes. « Les gens qui ont besoin de traitements avancés comme de la chimiothérapie ou de la chirurgie cardiaque ne peuvent pas être pris en charge dans la Ghouta et doivent être évacués. »

« Il faut exercer davantage de pression à ce sujet »

« Nous avons établi que sur 765 personnes ayant besoin d'un traitement en dehors de la région. 25 d'entre eux sont déjà décédés. Et les quelques-uns qui ont pu être évacués - ils ne sont que 29 - ceux-là n'ont pas pu recevoir la totalité de leur traitement à Damas, déplore le docteur Katoub. Il faut exercer davantage de pression à ce sujet... Et nous avons besoin de garanties sur la sécurité de ces patients ».

La livraison d'aide humanitaire dans la Ghouta intervient alors que l'ONU réclame avec insistance une trêve humanitaire d'un mois dans toute la Syrie pour pouvoir distribuer des aides et évacuer les blessés et malades dans un état critique.

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