Liban: entre le CPL et le Hezbollah, un changement d'alliance en perspective?

Des critiques inédites, adressées par le ministre des Affaires étrangères et chef du plus grand parti chrétien à son allié le Hezbollah, ont surpris la classe politique libanaise. Le parti chiite s'est refusé à tout commentaire et des observateurs se demandent si les reproches de Gebran Bassil ne sont pas le signal d'un changement d'alliances au Liban.

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

C'est la première fois que Gebran Bassil lance des critiques aussi fortes contre le Hezbollah, avec qui il est lié par un accord d'entente qui dure depuis douze ans. Cette alliance a permis d'élire à la présidence de la République Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre, aujourd'hui dirigé par Bassil, qui est son gendre.

Dans une interview accordée au mensuel francophone Magazine, le ministre reproche au Hezbollah d'avoir levé des options qui ne servent pas les intérêts de l'Etat libanais, affirmant que c'est tout le Liban qui en paye le prix. Il accuse son allié chiite de la non-application d'une clause de l'accord d'entente bilatérale, portant sur la construction de l'Etat. Gebran Bassil réaffirme cependant son attachement à l'alliance avec le Hezbollah face à toute attaque israélienne ou terroriste.

Mais l'opinion publique et la classe politique n'ont retenu que les critiques, qui ont été relayées à grande échelle sur les réseaux sociaux et d'autres médias. L'affaire a pris de l'ampleur, surtout qu'elle intervient après une crise politique provoquée par des propos jugés « humiliants » de Gebran Bassil contre l'allié chiite du Hezbollah, le président du Parlement Nabih Berry.

Les observateurs placent les critiques du chef de la diplomatie dans le cadre d'une surenchère à trois mois des élections législatives. D'autres y voient les premiers signes d'une séparation avec le Hezbollah.

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