Yéménites contre Yéménites dans une guerre pour le pouvoir. D’un côté l’armée gouvernementale, de l’autre les forces de sécurité favorables au mouvement séparatiste du Sud. Et entre les deux camps, des civils, la population de la ville d’Aden.
Ce dimanche, tout débute par une simple manifestation. Des séparatistes en colère, crient des slogans hostiles... Ils exigent le départ du gouvernement. L'armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi intervient car il est hors de question de laisser ce mouvement de contestation prendre de l’ampleur. La situation dégénère, des affrontements éclatent et durent toute la journée.
La population de cette ville portuaire est prise entre deux feux. L'ONG Médecins sans frontières indique que des civils se trouvent parmi les victimes. L'Unicef lance un appel aux deux camps pour qu'ils épargnent les femmes et les enfants.
Dimanche après-midi, le Premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher dénonce un coup de force des séparatistes et demande à la coalition arabe, qui soutient le président Hadi contre les Houthistes dans le nord du pays, d'intervenir pour éviter le chaos. Par la suite, les avions de la coalition ont en effet survolé la ville. Mais les militaires saoudiens et émiratis présents à Aden ne sont pas intervenus pour le moment.
Désir d'indépendance
La ville portuaire d’Aden, au sud du pays, a été la capitale de la République démocratique populaire du Yémen, un Etat indépendant qui n'a fusionné avec le nord qu’en 1990. Et il s'agirait là de l'une des clés du problème, car les sudistes souhaiteraient obtenir leur autonomie voire leur indépendance, analyse le chercheur David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen Orient.
« Derrière tout ça, il y a l’affirmation des revendications sudistes qui prennent corps à la faveur de la décomposition de la situation géopolitique du Yémen dans son ensemble. Et ça renvoie assez largement à un passif, qui est la réunification forcée en 1990 par l’ancien président Saleh. Une réunification qui s’est fait assez largement au détriment des sudistes, selon eux », souligne le chercheur associé à l'Ifas.
Selon David Rigoulet-Roze, la situation représente pour les séparatistes une occasion de faire valoir leurs idées. « Il existerait aujourd’hui finalement une opportunité pour réaffirmer au moins une demande d’autonomie, voire davantage, c’est-à-dire une formulation de sécession et d’indépendance pour un retour à ce qui existait précédemment, à savoir un Yémen du Sud. »
Le gouvernement actuel du Yémen, a établi son siège provisoire à Aden, après avoir été chassé de Sanaa, la capitale par les Houthistes, une milice chiite.