Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
Après plusieurs jours de troubles, le pouvoir a mobilisé ses partisans dans une dizaine de villes de province.
Dans certaines villes comme Ahvaz, Abadan ou encore Kermanshah, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour condamner les violences de ces derniers jours et les fauteurs de troubles, selon les images diffusées en direct par la télévision d'Etat.
Les manifestants scandaient « mort à l'Amérique », « mort à Israël » et « mort aux Monafegh », terme désignant les Moudjahidines du peuple dans la bouche des autorités.
De nombreux manifestants portaient des drapeaux iraniens, condamnant certains protestataires qui ont brûlé des drapeaux tricolores du pays lors des troubles.
Retour au calme
Ces manifestations interviennent alors que Téhéran et de nombreuses villes de province ont passé une nuit calme mardi soir.
Le pouvoir, soutenu par les réformateurs, a resserré les rangs, dénonçant les groupes contre-révolutionnaires, mais aussi les Etats-Unis et l'Arabie saoudite d'avoir encouragé les violences.
Ces derniers jours, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées à Téhéran et dans les villes de province, notamment des meneurs.
Enfin, le président iranien a demandé à la France de limiter les activités des Moudjahidines du peuple, dont les chefs se trouvent près de Paris, et sont accusés par l'Iran d'avoir encouragé les violences et les troubles.
Macron « préoccupé », Le Drian annule sa visite
Emmanuel Macron a appelé Hassan Rohani mardi pour lui faire part de sa « préoccupation » face aux violences. Le président français a défendu le droit à la liberté d'expression et de manifestations, appelant son homologue à la retenue.
Dans le contexte actuel, la visite de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, qui devait se rendre à Téhéran vendredi 5 janvier, est reportée, précise l'Elysée dans un communiqué.
En revanche, ce que ne mentionne pas l'Elysée, mais que précise la télévision iranienne, c'est que Hassan Rohani aurait reproché à la France d'héberger sur son sol les Moujahidines du peuple qualifiés de « groupe terroriste » par Téhéran qui l'accuse d'être impliqué dans les manifestations actuelles.
Ce mouvement d'opposition qui a mené des actions violentes par le passé et qui est effectivement hébergé en France a réagi aux propos de Hassan Rohani, affirmant qu'ils reflétaient « l'affolement du régime des mollahs face à l'étendue du soulèvement » en Iran.