Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Les images d'archives de l'« Empereur du nord », comme il est surnommé, défilent sur toutes les chaînes de télévision afghanes depuis ce lundi matin. Mohammad Atta Noor, l'allure toujours soignée, en costume cravate, n'est plus gouverneur de Balkh. Durant treize ans, cet ancien moudjahidine tenait d’une main de fer cette province, l’une des plus développées et paisibles du pays.
Depuis l’annonce, beaucoup se demandent si Mohammad Atta Noor a bien démissionné ou s’il s’agit d'un limogeage ? Les doutes sont exprimés. L'ancien gouverneur, lui, ne cache pas ses ambitions politiques : briguer la présidence lors des prochaines élections en 2019. L'homme est à la tête du parti Jamiat-e-islami, l'un des plus vieux d'Afghanistan qui représente surtout la communauté tadjik du pays auquel appartient notamment le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah.
Mohammad Atta Noor s'était rapproché en juin dernier de deux autres figures de l'opposition, deux autres anciens chefs de guerre: le général Dostum, vice-président représentant de la minorité ouzbek, et Mohammed Moaqeq, grande figure de la minorité hazara. Ensemble, ils avaient constitué une alliance politique éphémère surnommée le triangle d'Ankara.
L'ancien gouverneur de Balkh, toujours considéré comme un casse-tête par le pouvoir central, en sera-t-il un plus grand en étant démis de ses fonctions ? C'est ce que soupçonnent certains observateurs à quelques mois des élections parlementaires censées avoir lieu en juillet 2018.