Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
En Afghanistan, le président nomme les ministres, mais ses choix doivent ensuite être validés par le Parlement. Une procédure qui peut parfois prendre plusieurs mois. Lundi, les élus afghans ont donc confirmé 11 ministres dans leurs fonctions, dont deux qui sont particulièrement importants étant donné le conflit qui déchire le pays : il s'agit du ministre de la Défense et celui de l'Intérieur.
Ces derniers ont rempli leur fonction sous un statut d'intérimaire au cours des derniers mois, l'ancien ministre de la Défense ayant démissionné en avril dernier après l'attaque d'une base militaire par les talibans dans le nord du pays, qui a coûté la vie à plus de 140 soldats afghans.
Le Parlement a aussi confirmé les choix de la présidence pour les ministères des Travaux publics, des Affaires tribales, de l'Economie, de l'Education supérieure, du Travail et des Affaires sociales, des Communications et la Technologie, des Transports, de l'Agriculture.
La ministre des Mines, seule écartée de la liste
Un seul rejet : la ministre des Mines qui n'est pas confirmée. Cinq voix ont manqué à Nargis Nihan, à la tête d'un ministère éclaboussé avant son arrivée par de nombreux scandales de corruption et qui est resté de nombreux mois sans maître à bord avant sa nomination. Dans les couloirs du ministère, on ne s'étonne pas. La jeune ministre rompt avec les anciens codes politiques.
Au palais présidentiel, un jeune conseiller, reconnaît qu'il est très difficile pour les jeunes femmes de percer en politique faute de soutien dans les rangs du Parlement : pas question d'espérer en effet des bakchichs de ces jeunes femmes éduquées qui veulent rompre avec les pratiques de corruption qui gangrène la politique afghane.
Sur les réseaux sociaux, certains ne mâchent pas leurs mots. « Quel message envoie le Parlement aux femmes afghanes qualifiées ? Que les votes se font en fonction du sexe des candidats et non de leur compétence ? » écrit une militante de l'opposition.