Jérusalem: en Turquie, les leaders musulmans condamnent la décision de Trump

En Turquie, les pays membres de l’Organisation de coopération islamique (OCI) se sont réunis ce mercredi à Istanbul, sur invitation du président turc Recep Tayyip Erdogan, pour étudier la réponse à donner à la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. Les représentants des 57 Etats musulmans se sont finalement entendus pour reconnaître à la Palestine le droit de choisir le lieu de sa propre capitale et pour lancer un appel aux autres pays du monde. Un résultat somme toute assez mince.

Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette

Ce sommet extraordinaire n’aura duré que quelques heures. Il s’est finalement conclu par un communiqué en 23 points, qui reconnaît Jérusalem-Est comme la capitale de la Palestine.

Le document invite le reste du monde à faire de même et, sans surprise, dénonce la décision de Donald Trump. Le communiqué demande ainsi à l’ONU de protéger le statut de Jérusalem. Tout au long de la journée, l’hôte du sommet, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé Israël, « un Etat terroriste, un Etat d’occupation ».

Le président palestinien Mahmoud Abbas a, lui, attaqué les Etats-Unis : une puissance partiale qui selon lui ne peut plus jouer de rôle politique dans la région.

Victoire diplomatique pour Erdogan

Mais au-delà des mots, ce sommet annoncé en grande pompe n’a pas su, ou n’aurait pas pu aplanir les rivalités régionales, notamment entre l’Arabie saoudite et l’Iran, et semble avoir accouché d’une souris avec peut-être un seul gagnant : Recep Tayyip Erdogan, qui a ainsi organisé une vaste tribune, pour sa propre personne.

Car c'est une vraie victoire diplomatique, du moins à court terme, pour le président turc, qui s'achète en somme à peu de frais une popularité renouvelée auprès de l'opinion publique : dans les pays arabo-musulmans d'une part, mais aussi et surtout à domicile, puisque la question palestinienne est un sujet sensible qui va même au-delà de l'électorat habituel de son parti l'AKP.

Un peu moins de deux ans avant les prochaines élections législatives et présidentielle, Recep Tayyip Erdogan fait donc le pari de renforcer sa popularité à l'interne avec une politique étrangère très agressive, au risque cependant de déclencher une nouvelle guerre diplomatique avec Israël, et de détériorer des relations déjà exécrables avec les Etats-Unis.

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