Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Editorialistes et réseaux sociaux estiment que l’attaque contre la mosquée soufie du Sinaï est la conséquence du discours salafiste qui, depuis des dizaines d’années, accuse d’hérésie les millions d’adeptes de cette secte mystique. Les soufis recherchent Dieu à travers la contemplation, le chant et la danse dont la plus connue est celle des derviches tourneurs.
Ils fêtent les anniversaires des sidi (des saints) et leurs prêtent toute sorte de miracles. Du pur paganisme pour les salafistes, ces fondamentalistes de l’islam. Mais les salafistes ne se contentent pas de maudire, ils agissent. Plusieurs mausolées soufis ont été saccagées au cours des dernières années et des festivités interdites par la force dans des villages. Mais, malgré leur discours intolérant à l’égard des soufis, des chiites et des chrétiens, les salafistes sont ménagés par le pouvoir du président Sissi qui a besoin d’une composante islamiste dans sa répression des Frères musulmans.
La grande mosquée d’al-Azhar elle aussi critiquée
Pour beaucoup d’islamologues modernistes, l’institution islamique n’est plus un modèle de tolérance depuis qu’elle a été infiltrée, à coup de pétrodollars, par le wahabisme saoudien depuis un demi-siècle. Al-Azhar refuse, par exemple, de frapper d’anathème les jihadistes de l’Etat islamique mais poursuit en justice ceux qui dénoncent les exégèses d’oulémas radicaux. Plusieurs penseurs ont ainsi été condamnés à diverses peines de prison en vertu de la loi du « mépris des religions ».