Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Le Caire accueille de nouveau les négociations en vue d'une réconciliation entre Palestiniens. Les différentes factions se retrouvent en Egypte à compter de ce mardi, alors que pour l'instant, le précédent accord entre le Fatah et le Hamas est respecté. Le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza a cédé le contrôle des frontières à l'Autorité palestinienne.
Le principe a été acté au cours des précédentes négociations. Aujourd'hui dotée d'un gouvernement « de consensus », l'Autorité palestinienne doit désormais former un « gouvernement d'union nationale » dans l'attente d'élections. Mais cette fois-ci, les négociations ne se font plus uniquement entre les deux grands partis. Les autres groupes politiques sont également présents.
Les factions politiques réunies au Caire devraient donc discuter de la composition de ce futur exécutif et, dans une hypothèse optimiste, peut-être même de l'organisation d'un scrutin législatif et présidentiel. Mais en invitant toutes les factions, le médiateur égyptien entend aborder d’autres sujets que celui du retour de la bande de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.
Sur les aspects politiques, des divergences de fond, comme la reconnaissance d'Israël, demeurent. Hamas et Jihad islamique ont ainsi prévenu qu'ils n'entendaient pas reconnaître Israël. Comme le souligne Amer Abu Shebab, un politologue spécialiste des mouvements islamistes : « Le Jihad islamique considère que toute réconciliation basée sur les accords d'Oslo est problématique. »
« Pour lui, ajoute-t-il, la réconciliation doit servir à unir tous les Palestiniens pour faire face à l'occupation. » Tandis que l’Autorité palestinienne a également insisté, ces dernières semaines, sur la nécessité de désarmer les groupes de Gaza. Les responsables gouvernementaux à Ramallah martèlent qu’il ne doit y avoir qu’« une autorité, une arme, une loi ».
Une exigence aujourd’hui difficilement acceptable par les groupes armés. Daoud Shehab est le porte-parole du Jihad islamique. « Nous sommes d’accord, dit-il, mais il doit d’abord répondre à cette question : comment nous défendons-nous ? Ce discours de l’Autorité palestinienne vise à mettre de réels obstacles sur le chemin de la réconciliation. »
Officiellement, la question des armes n’est pas à l’ordre du jour de cette réunion. Mais le flou demeure quant aux sujets qui seront abordés. Seule certitude : les dossiers les plus sensibles ne pourront être éternellement contournés.
Le contexte régional pourrait peser sur cette rencontre. Depuis les précédentes négociations début octobre, Fatah et Hamas ont été cherché le soutien de leurs alliés respectifs. Auprès de l'Arabie saoudite pour Mahmoud Abbas, auprès de l'Iran et du Hezbollah pour le mouvement islamiste. Deux camps engagés dans une guerre d'influence au Proche-Orient.