De notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La police égyptienne n’avait pas essuyé d’aussi lourdes pertes depuis 1981 quand des islamistes avaient attaqué le quartier général de la sécurité à Assiout au lendemain de l’assassinat du président Sadate.
Il semble que le groupe Hasm ait leurré les forces de sécurité avec un petit nombre de terroristes dans le désert libyque à 135 kilomètres au sud-ouest du Caire. La centaine de policiers envoyés pour ce qui devait être une mission de petite envergure ont été pris dans un guet-apens et essuyé le feu de dizaines de terroristes lourdement armés.
Hélicoptères en renfort
De très nombreux conscrits et officiers des brigades d’interventions ont été tués avant que les assaillants ne prennent la fuite. Des hélicoptères et des renforts de l’armée ont été dépêchés sur les lieux.
Selon les autorités, le groupe Hasm est une branche armée des Frères musulmansconstituée après la destitution du président Mohamed Morsi. Il avait exécuté de nombreux attentats contre les forces de l’ordre mais jamais de cette envergure.
La police a, de son côté, abattu plusieurs membres de l’organisation au cours de raids au Caire et dans le Delta. Il y a deux semaines le ministère de l'Intérieur avait annoncé avoir arrêté 14 membres de Hasm dont un haut responsable.
Les Egyptiens, entre colère et désarroi
L’Egypte est par ailleurs toujours confrontée à la branche locale du groupe Etat islamique qui attaque la police, l’armée et les chrétiens. Plusieurs centaines de membres des forces de sécurité ont été tués dans le Nord Sinaï et plusieurs attentats à la bombe contre des églises coptes ont fait plus d’une centaine de morts.
L’opinion égyptienne est partagée entre colère et désarroi. Colère à cause du grand nombre de policiers tués dans ce qui semble donc être un guet-apens. Les réseaux sociaux fourmillent de photos de jeunes policiers qui auraient été tués dans ce que certains appellent « la tuerie du kilomètre 135 » en référence à l’emplacement des accrochages sur la route entre Le Caire et l’oasis de Baharia dans le désert libyque. Beaucoup d’internautes réclament une vengeance à la mesure du crime.
Mutisme retentissant des autorités
Toutefois, un sentiment désarroi transparaît à travers de nombreux commentaires. Un désarroi dû notamment au manque d’informations. En dehors d’un communiqué lapidaire du ministère de l’Intérieur ne donnant aucun détail et un autre des Affaires étrangères indiquant que « le sang des martyrs » renforcera la détermination à éradiquer le terrorisme, les autorités égyptiennes observent un mutisme retentissant.