Avec notre correspondant à Erbil, Wilson Fache
A l'approche du référendum d'indépendance, la ferveur s'empare des rues d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien.
Peut-être moins vocal mais tout aussi déterminé est le camp du « non pour le moment ». Pour Rabun Marouf, député d'opposition, l'appareil gouvernemental kurde n'est pas encore prêt pour l'indépendance. « Nous n'avons pas de démocratie, nous n'avons pas d'institutions viables, nous n'avons pas de système judiciaire indépendant, et ainsi de suite. C'est pour ça que, dans cette situation, un Etat indépendant pourrait créer un enfer pour les Kurdes et les autres. Ce n'est pas le bon moment pour tenir un référendum et déclarer un Etat indépendant. »
Le parlementaire met particulièrement en cause le président kurde Massoud Barzani, à la tête d'un clan qui contrôle une partie du gouvernement, de l'armée, des médias et des télécoms. « Le mandat de M. Barzani a expiré il y a presque quatre ans, et il n'est pas prêt de quitter la présidence. Il pourrait abuser du résultat de ce référendum pour légitimer sa position. »
Le camp du « non » craint également un conflit avec Bagdad. Une bataille politique mais peut-être aussi armée. L’enjeu, notamment, c'est la ville disputée de Kirkouk, riche en pétrole, et pour l'instant sous contrôle kurde. En même temps que le référendum le 25 septembre pourrait avoir lieu la bataille d'Hawijah contre le groupe Etat islamique. Ce qui placerait des milliers de soldats irakiens à quelques dizaines de kilomètres seulement de Kirkouk.