L'homme qui a projeté sa voiture sur des militaires de l'opération Sentinelle, le 9 août dernier à Levallois-Perret, près de Paris avait effectué des repérages sur les lieux, plusieurs jours auparavant, a expliqué le procureur de Paris, ce mercredi.
Selon François Molins, le véhicule loué par Hamou B. s'était rendu dans la même allée semi-piétonne de cette ville de banlieue dimanche 6 août, trois jours avant les faits.
François Molins a également donné des précisions sur le profil du suspect. Et notamment son intérêt pour les mouvements islamistes. Même s'ils n'ont pu auditionner le suspect, toujours hospitalisé, les enquêteurs ont découvert qu'Hamou B. s'intéressait aux « organisations terroristes islamistes » et avait des velléités de départ en Syrie. « Les investigations (...) viennent non seulement étayer le caractère prémédité de cette attaque, mais également son caractère terroriste. »
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Le procureur a souligné la proximité ancienne d'Hamou B. avec le « mouvement fondamentaliste Tabligh - en français: Association pour la prédication -, mouvement qui prône une vision ultra-rigoriste, littérale de l'islam ». Et il aurait participé « en 2013 et 2014 à une campagne de propagande organisée par ce mouvement ». Mais « on n'a pas aujourd'hui d'éléments qui permettent d'affirmer qu'il aurait eu des connexions » avec l'EI, a dit le procureur, interrogé sur ce point.
Par ailleurs, sur deux téléphones, les inspecteurs ont retrouvé des recherches internet récentes, notamment à propos de billets d'avions Paris-Istanbul pour début septembre 2017, de la région d'Idleb en Syrie, en partie contrôlée par des groupes jihadistes, ou de « la légitimité dans la religion musulmane de tuer des musulmans ou (...) des mécréants ». Le téléphone saisi chez lui à Bezons (Val-d'Oise) comporte par ailleurs « une douzaine d'images relatives à l'État islamique », l'organisation jihadiste ayant revendiqué plusieurs des attentats qui se sont succédé en France depuis janvier 2015, faisant 239 morts.
Le procureur de Paris a déclaré que le dossier est désormais entre les mains de deux juges d'instruction du parquet antiterroriste.
Le 9 août, six militaires avaient été blessés, dont trois sérieusement, par une BMW qui avait délibérément foncé sur eux au moment de la relève, vers 8 heures, devant leur local de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), à l'ouest de Paris. Quelques heures plus tard, le véhicule avait été intercepté par la police sur l'autoroute vers Calais et son conducteur, Hamou B., un Algérien de 36 ans, avait été blessé par balles alors qu'il refusait d'obtempérer.
(Avec agences)