Avec notre correspondante dans la région, Marine Vlahovic
Pour remplacer les détecteurs de métaux autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, Israël avait annoncé la mise en place de caméras « intelligentes » dans toute la Vieille Ville. Un plan à 25 millions de dollars. Mais les fidèles et les autorités religieuses musulmanes demandent le retrait de toutes les mesures de sécurité autour de ce lieu saint de l'islam.
Et si ce sont les autorités religieuses musulmanes qui avaient initié le mouvement de contestation il y a quelques jours, en appelant au boycott de l'esplanade des Mosquées, il semble que ce soit les habitants de Jérusalem-Est qui désormais mènent la danse. Ce sont eux qui se sont rassemblés mardi soir par milliers pour dénoncer l’alternative aux détecteurs de métaux proposée par Israël, et ce sont eux qui promettent d'en faire de même ce mercredi soir.
Le Waqf, « institution cultuelle et culturelle » qui, comme l'explique le chercheur Frédéric Encel, gère les lieux saints et prend ses ordres de Jordanie, a adopté une position ambiguë, se cachant d’abord derrière la création d’un comité technique chargé d’évaluer la situation, tout en demandant à ce que la situation revienne « à ce qu'elle était avant le 14 juillet ». Sûrement pour contenter la rue palestinienne, car encore une fois, c’est désormais elle qui donne le ton.
Un mouvement qui se veut indépendant des forces politiques
Dans la foule qui se rassemble pour prier depuis dix jours, on trouve des habitants de différents quartiers de Jérusalem-Est. Pratiquants ou non, ils prennent le micro à tour de rôle pour s’exprimer. Un mouvement de société civile, non violent. Une fois la prière achevée, les appels au calme résonnent de toute part. Les heurts éclatent souvent après que la foule a été dispersée par la police israélienne.
C’est également un mouvement sans logique partisane, et que ses membres disent sans leadership. Ni Fatah, ni Hamas, les deux factions palestiniennes rivales, mais seulement le peuple de Jérusalem-Est, répètent inlassablement les manifestants. Les deux partis essaie pourtant de tirer leur épingle du jeu. Mardi, le Fatah de Mahmoud Abbas a appelé à poursuivre la mobilisation.
Tandis que le président de l’Autorité palestinienne lui-même a annoncé le maintien du gel de la coopération sécuritaire avec Israël en Cisjordanie - une décision lourde, qui pourrait embraser les Territoires palestiniens -, Nasser al-Qidwa, neveu de Yasser Arafat et membre du comité central du Fatah, a demandé à la communauté internationale de prendre ses responsabilités. Et d'appeler, à demi-mot, au vote d’une résolution par l’ONU.