A Raqqa, les FDS avancent prudemment. « Ce qui nous importe n'est pas la rapidité mais de libérer les civils et d'éliminer Daech », a déclaré à l'AFP Jihane Cheikh Ahmed, une porte-parole des FDS. Désormais la ville est entièrement encerclée mais, avant d’établir leur siège, il a fallu sept mois aux FDS pour atteindre le bastion des jihadistes en Syrie.
Le 6 juin dernier, c’est l’exploit. Les FDS ouvrent une brèche à l’est de la ville et prennent le quartier de Mechlab. Dans la foulée, une incursion est tentée à l’Ouest. Elle est également couronnée de succès. Vient ensuite une entrée via le front nord puis, plus récemment, par le front sud de la ville.
« Les affrontements entre le groupe Etat islamique et les FDS sont très violents, surtout à l’est, du côté de la Vieille ville », raconte Sohaib Al Hassakaoui, un militant de l’opposition syrienne. « Plusieurs batailles se déroulent dans cette partie de la ville. Et dans le quartier de la porte de Bagdad, les deux camps s’affrontent par tireurs embusqués interposés », poursuit le jeune homme contacté sur une messagerie cryptée, dans la région de Raqqa.
« Ça ira beaucoup plus vite qu’à Mossoul »
Comme à Mossoul, les combattants du groupe Etat islamique ont eu deux ans pour se préparer à la bataille de Raqqa. Malgré les incursions des FDS, les 2 500 jihadistes de l’EI défendent leur « capitale » en Syrie, transformée en une véritable forteresse.
Les FDS avancent grâce à l’appui aérien de la coalition internationale. Des frappes aériennes sont menées par les Etats-Unis. Lundi 17 juillet, Raqqa a d’ailleurs été secouée par de violents bombardements. Washington a également armé les FDS et a déployé des conseillers militaires et une batterie d’artillerie sur le terrain.
« Ça ira beaucoup plus vite qu’à Mossoul. Raqqa est une cible étroite, quatre fois moins étendue que Mossoul », explique le général Dominique Trinquand. « Des brèches ont été ouvertes dans les murailles. Elles permettent d’entrer dans le cœur de la ville. Certes, les jihadistes combattent âprement mais le rapport de force va basculer en faveur des FDS qui sont soutenues par les Américains. Toutefois, cela peut prendre quelques semaines », estime l’ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies.
Des raids aériens dévastateurs
La coalition internationale a reconnu la mort de 603 civils à cause de ses bombardements en Irak et en Syrie, depuis 2014, mais ce chiffre est contesté. L’ONG Airwars parle de près de 750 tués.
En attendant, ce sont 30 000 à 50 000 civils au moins qui sont toujours piégés à Raqqa, selon l’ONU, mais, sur le terrain, certaines sources évoquent au moins le double.
« La situation humanitaire est désastreuse. 100 000 civils se trouvent toujours à Raqqa. Ils sont bombardés. Ils n’ont plus d’eau depuis trois semaines et, avec tout ça, ils n’ont aucun moyen de fuir, de quitter la ville à cause des combats », s’indigne le militant de l’opposition syrienne, Sohaib Al Hassakaoui.
« Les bombardements de la coalition internationale sont vraiment violents. Une famille de sept personnes vient d’être décimée. Leurs corps sont encore sous les décombres. Dans un autre quartier de la ville, quinze autres personnes ont aussi perdu la vie dans des bombardements et des tirs d’artillerie. Sans parler des exécutions de Daech. Les jihadistes ont tué un homme qu’ils accusaient de collaborer avec la coalition internationale », confie avec tristesse le jeune militant.
Ces bombardements de la coalition internationale risquent de se poursuivre plusieurs semaines encore. A titre d’exemple, il a fallu huit mois pour libérer Mossoul.