La polémique sur le burkini débarque au Liban

Au Liban, une vive polémique a éclaté dans la presse et sur les réseaux sociaux, après la décision de responsables d’un complexe balnéaire d’interdire à une femme portant le burkini de se baigner sur une plage attenant au site. Ce costume de bain, enveloppant le corps des cheveux jusqu'aux chevilles, a d'ailleurs été inventé par une australienne d’origine libanaise.

De notre correspondant à Beyrouth,

Le Liban est le seul pays arabe dirigé par un président chrétien. La majorité de la population est musulmane mais la parité entre les deux communautés au niveau du nombre de députés au Parlement ou du nombre de hauts fonctionnaires est consignée dans la Constitution. Dans ce système politique confessionnel, les libertés religieuses sont protégées par la loi et la question du port du voile ne fait l’objet d’aucun texte spécifique. Que ce soit dans la fonction publique, dans les universités, même catholiques, et, plus récemment encore, dans les forces de police, le port du voile est considéré comme un choix personnel. La seule ministre femme au gouvernement libanais porte d’ailleurs le voile.

Dans cette affaire spécifique, Noura Zaim dénonce un comportement discriminatoire de la part des responsables du complexe balnéaire, qui lui ont interdit de se baigner dans la plage et lui ont proposé d’utiliser une piscine couverte. La jeune femme, qui était accompagnée de son mari et de son fils âgé d’un an et demi, a refusé d’être cachée dans un endroit inaccessible aux yeux des autres.

Le burkini, un maillot de bain comme les autres ?

L'argument avancé par les responsables du complexe balnéaire est le règlement intérieur affiché sur un panneau à l’entrée du complexe, et qui mentionne clairement que le port du maillot est obligatoire. Cet argument est pour eux suffisant dans la mesure où la Constitution et la loi libanaises, tout en garantissant les libertés religieuses, protègent également la sacro-sainte propriété privée.

Cependant, Noura Zaim a opposé un contre-argument, en soulignant que le burkini est un maillot comme les autres. Dans le récit qu’elle fait sur sa page Facebook, elle dit, sur un ton ironique, qu’il aurait fallu lui indiquer «combien de centimètre de peau les femmes ont le droit de montrer».

Une polémique mais pas «d'affaire»

En moins d’une semaine, le récit de Noura Zaim sur Facebook a été vu par 6 700 personnes et partagé par plus de 3 000 autres. Les commentaires sont divisés entre ceux qui dénoncent un acte discriminatoire et ceux qui jugent que les propriétaires du complexe balnéaire sont dans leur droit. Des tentatives de politisation ont eu lieu mais Noura Zaim y a mis immédiatement un terme. Et le fait que le propriétaire de l'hôtel Miramar, Mohammad Adib, soit un musulman, et que l’incident se soit produit à Tripoli, une ville à majorité sunnite très conservatrice, ont empêché que la polémique ne prenne une dimension confessionnelle, entre chrétiens et musulmans. En outre, la jeune femme n’a pas exprimé son intention de porter l’affaire devant la justice.

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