Liesse dans les rues de Téhéran: «Rohani, c’est avant tout une mentalité»

En recueillant 57% des suffrages et en s’adjugeant la victoire dès le premier tour, le président sortant Hassan Rohani est conforté dans les réformes qu’il a engagées depuis 2013. Mais si Téhéran, ce soir, résonne de cris de joie et coups de klaxon, l’attente des Iraniens n’en est pas moins grande. Reportage.

De notre envoyé spécial à Téhéran,

La clameur est montée doucement, en milieu d’après-midi, pour résonner le soir dans toute la capitale. Dans les quartiers nord, des foules entières - des jeunes mais aussi des familles au complet - se sont mises en mouvement pour converger vers les places emblématiques du mouvement réformateur.

C’était le cas à Vanak. La place, livrée jusqu’à la fin d’après-midi à une dense circulation, a vu apparaître les premiers foulards et ballons violets. Les trottoirs débordant bientôt de partisans en liesse, la police a tenté pendant deux heures de tenir un semblant d’ordre, en protégeant les voitures qui zigzaguaient. Mais elle a dû rapidement capituler.

 

 

Soroush a les yeux qui brillent. Il a l’habitude de voter pour le camp modéré, mais là, confie-t-il, « on a quand même eu un peu peur ». Peur qu’Ebrahim Raissi, le candidat ultra-conservateur l’emporte et ne ramène l’Iran au sombre souvenir de la période Ahmadinejad. Alors avec sa femme, il est venu savourer l’instant. « Rohani, c’est avant tout une mentalité, explique-t-il tout en brandissant le portait de son héros. Il a la compétence pour gouverner… Après, les réformes se font étape par étape, alors il faut être encore patient. »

 

 

Une position que semble partager Fahimeh, non loin de là, au beau milieu du rond-point envahi par les pro-Rohani. La jeune femme attend beaucoup de ce second mandat, notamment que « l’économie aille mieux, que l’inflation continue de diminuer. »

 

 

« Si on a voté pour Rohani, cela ne signifie pas qu’il est le candidat idéal. Néanmoins, ces quatre dernières années, il a montré que sa politique avait comme objectif l’intérêt du public. C’est pour cela qu’on lui a confié pour la deuxième fois le pouvoir. » Elle souhaite pour sa part que le président réélu aille plus loin sur la question des droits de femmes.

Tout au long de la soirée, et de la nuit, les « Raissi, bye bye » rejoignaient les « Rohani n’oublie pas Moussavi » [du nom du leader de la contestation de 2009, en résidence surveillée]. Sous les feux d’artifice improvisés, au milieu des danses, chacun espère que le chemin vers l’ouverture du pays ne déviera pas.

 

 

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