Syrie: plus de 60 000 personnes fuient les combats dans le nord du pays

En Syrie, près de 66 000 personnes ont été récemment déplacées dans le nord du pays. Un chiffre communiqué ce dimanche matin, 5 mars, par le Bureau des Nations unies pour les Affaires humanitaires.

Les civils fuient les combats dans une région où la guerre se poursuit sur plusieurs fronts. « Le conflit syrien a eu un effet énorme sur la population, à cause de la violence, des frappes aériennes, des combats et des bombardements. Dans certaines zones, les combats ont eu lieu au sein même des zones habitées. La question du déplacement des populations est pour nous un problème à traiter en priorité », explique Ramesh Rajasingham, coordinateur du bureau des Affaires humanitaires des Nations unies pour la Syrie (Ocha).

Fin février l'armée turque et des groupes rebelles syriens ont réussi à chasser le groupe Etat islamique de la ville d'al-Bab, dans le nord de la Syrie. Les combats ont été longs et violents et on estime que 40 000 personnes ont alors fui cette localité.

« Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se sont dispersés autour de la ville d’al-Bab et puis en direction du nord, qui est contrôlé par les groupes d’opposants au régime. Certains d’entre eux ont aussi fui vers le nord-est. Ce sont là les principaux axes de déplacement de population », souligne Ramesh Rajasingham.

Il demande aux belligérants un accès à la région autour de la ville d'al-Bab. « Ce que nous aimerions, c’est pouvoir accéder à la ville d’al-Bab, car il est évident qu’un grand nombre d’infrastructures a été endommagé au cours des combats. (...) Notre autre demande concerne la liberté de mouvement des civils et des travailleurs humanitaires. Pour les civils, il s’agit de garantir un accès aux services de bases et pour les humanitaires, un accès aux populations civiles. »

Engins explosifs et mines

Selon le bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires, ces civils syriens sont en dangers car ils se trouvent toujours dans des zones où sont disséminés des engins explosifs, laissés par les jihadistes. « Notre inquiétude, en tant qu’humanitaires, c’est l’énorme menace que représentent les explosifs, mines et autres pièges. Ils sont extrêmement dangereux pour les civils qui se déplacent et pour les populations en général », insiste le coordinateur de l'Ocha.

Mais dans cette région du nord de la Syrie un autre front est actif : depuis le début de l'année, les forces du régime de Damas soutenues par l'armée russe sont aussi à l'offensive contre le groupe Etat islamique. Et là encore les combats entraînent des déplacements de population.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme parle de 30 000 civils en majorité des femmes et des enfants qui ont dû fuir au cours de la semaine écoulée. Ce flot de déplacés n'a aucune raison de se tarir puisque les belligérants, parfois rivaux, se rapprochent de Raqqa, le fief de l'Etat islamique dans l'est de la Syrie.

« Il est évident que les Nations unies peuvent intervenir dans ce processus, souligne le coordinateur de l'Ocha. Mais au-delà de tout ça, nous voulons la fin des conflits pour pouvoir garantir aux civils l’absence de violence et de danger, pour leur donner une chance de revenir quand les explosifs auront été enlevés. Ils pourraient ainsi retravailler leurs terres et revenir à une vie normale. Mais tout cela prendra du temps, si l’on considère ce qu’il se passe sur le terrain aujourd’hui… »

 

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