Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
L’état-major de l’armée russe a annoncé vendredi 3 mars que des unités de l’armée gouvernementale syrienne sont arrivées au sud-ouest de Manbij, dans des régions précédemment contrôlées par la coalition kurdo-arabe soutenue par Washington. L’armée russe a ajouté que les structures gouvernementales syriennes ont repris l’administration de Manbij et de ses environs.
La stratégie des Kurdes est de remettre à l’armée syrienne certaines régions sous leur contrôle pour tenter de stopper la progression des rebelles soutenus par Ankara. La Turquie n’a pas caché son intention de chasser les Kurdes de Manbij et de jouer elle-même le premier rôle dans l’offensive contre Raqqa, la capitale auto-proclamée du groupe Etat islamique. Mais si elle a en face l’armée syrienne, elle réfléchira à deux fois avant d’attaquer, de crainte de se heurter aux Russes.
Pendant ce temps, l’armée syrienne poursuit sa progression face aux jihadistes au sud d’al-Bab pour verrouiller tous les accès menant à Raqqa. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les troupes gouvernementales ont pris vendredi trois nouvelles localités et ne sont plus qu’à 15 kilomètres de l’Euphrate.
Cette délicate partie d’échecs qui se joue à l’est d’Alep est d’une importance capitale pour l’avenir du conflit dans le nord de la Syrie. Ses premiers résultats sont une guerre entre les alliés des Américains et une éventuelle alliance entre les Kurdes et le régime syrien, sous l’égide de la Russie.