[Reportage] Après le #muslimban, une famille syrienne dans le désarroi

Les Nations unies ont repris ces derniers jours l'envoi de réfugiés syriens vers les Etats-Unis. Officiellement, les départs ont lieu jusqu'au 17 février. Mais le calendrier de ces departs est bouleversé. Abou Boukhan devait partir ce mercredi 8 février au matin. Mais ses billets d'avion ont été annulés par l'ONU. Il n'a aucune idée de ce qu'il va arriver.

De notre correspondante à AmmanAngélique Férat

Abou Boukhan et sa famille vivent depuis cinq ans dans un petit appartement dans le camp palestinien de Djebel-Hussein, en Jordanie. En entrant, on tombe sur cinq grosses valises. Ruba, la mère, n'a pas voulu tout déballer :

« On n'est pas totalement prêts à partir. Mais on n'a pas déballé nos affaires. On peut partir à tout moment. On a tout vendu, on a dit aux gens : " Ne venez pas chercher les meubles. On vous prévient dès qu'on a du nouveau. " Qu'est ce qu'on peut faire d'autre ? »

Abou Boukhan se roule une cigarette. Il va devoir trouver l'argent pour le loyer. Il avait donné son congé. Il nous montre la vidéo de son fils en pleurs, qui adresse un message à Donald Trump.

Il dit ne pas comprendre la décision du président. Il est dans l'Etat du Kentucky depuis un an et demi. Et il attendait avec impatience ses parents.

« Nous, on a tout vendu. Les gens devaient venir chercher tous les meubles ce soir. On a dû rappeler tout le monde et expliquer les choses. Ils avaient donné une avance, et maintenant je dois les rembourser mais je n'ai pas cet argent. »

« J'espère que les Nations unies vont nous donner de l'argent que je rembourse ce que je dois, ajoute Ruba. J'espère qu'on va partir. Aux Etats-Unis ou ailleurs, ce n'est pas grave. Mais de préférence aux Etats-Unis car mon fils y est déjà. »

Et de conclure : « Je voudrais juste savoir. Ça fait cinq ans qu'on est ici sans pouvoir travailler. On voudrait juste reprendre le cours de nos vies. Pouvoir travailler et donner une éducation à nos enfants. »

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