Israël: la visite embarrassante du secrétaire général du FN

Le secrétaire général du Front national Nicolas Bay était en visite en Israël jeudi 26 janvier pour « lever des incompréhensions ou malentendus », alors que le parti d’extrême droite a longtemps été accusé d’antisémitisme. Mais cette visite a provoqué l'embarras en Israël.

« Nous ne sommes pas racistes. Nous voulons juste préserver notre identité nationale. Tout comme vous les Israéliens », a déclaré Nicolas Bay au quotidien Haaretz. Le secrétaire général du Front national a expliqué être en Israël pour nouer ou renforcer des contacts, lever des incompréhensions ou malentendus, mais aussi rappeler que le FN est le « meilleur bouclier » des Français juifs, notamment face à la montée de l’islamisme radical.

Mais en Israël, on fait tout pour se démarquer de la visite embarrassante du numéro 3 du parti d’extrême droite, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Ainsi, aux Affaires étrangères israéliennes, on souligne que la politique à l'égard du parti n'a pas changé. « Le gouvernement israélien n’a absolument aucun contact avec le Front national, que ce soit en France ou en Israël, étant donné l’idéologie et l’histoire de ce parti politique », a déclaré Emmanuel Nahshon, le porte-parole du ministère.

Les demandes de rencontre officielle ont été déclinées. Mais il n'empêche que la visite de Nicolas Bay en Israël a donné lieu à un certain nombre de cafouillages. Notamment une rencontre avec le ministère israélien de la Santé, Yaakov Litzman, qui a bel et bien eu lieu. « Nous ne savions pas de qui il s'agissait, a affirmé l'attachée de presse du ministre. Il s'est joint à notre insu à un groupe de responsables de la Santé italiens. Dès que nous avons compris, la rencontre a pris fin ».

Nicolas Bay s'est également entretenu avec un responsable du mouvement de jeunesse du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahu, et avec un officier de haut rang de l'armée israélienne. Dans les deux cas, la réaction a été la même : il s'agissait de rencontres fortuites, a-t-on indiqué.

« Je n'ai pas l'habitude d'avancer masqué, je ne fais pas de la diplomatique clandestine », se défend Nicolas Bay. Il a été reçu en toute connaissance de cause, affirme-t-il. Mais pour l'historien Nicolas Lebourg, spécialiste de l'extrême droite, cette visite vise moins à s'attirer les faveurs de l'Etat hébreu que celles de l'opinion publique française, des Français de confession juive comme de ceux de droite. Elle s'inscrit dans la vaste stratégie de dédiabolisation entamée par Marine Le Pen depuis qu'elle a repris les rênes du parti. Il veut montrer « que si le Front national va en Israël, c'est qu'il n'est pas un parti antisémite. C'est plus une stratégie vers la frange droite de la droite », décrypte Nicolas Lebourg.

En agissant de la sorte, le Front national veut également montrer qu'il n'est pas isolé à l'international, alors que Marine Le Pen a toujours autant de mal à s'afficher auprès de dirigeants étrangers.

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