De notre correspondant au Caire,
L’inauguration du musée d'Art islamique fut un moment important en raison des nombreux problèmes que celui-ci a connu ces dernières années. Les conservateurs notamment étaient vraiment émus de voir ce musée reprendre vie. Dans les années 2000, le musée a été fermé pendant 7 ans, pour restauration. Les travaux ont ensuite pris beaucoup de retard. En 2010, il ouvrait enfin ses portes au public. Et moins de 4 ans plus tard, le 24 janvier 2014, une voiture piégée explosait devant la direction de la sécurité du Caire, un bâtiment qui se trouve juste en face du musée. Un attentat revendiqué par le groupe Ansar Beit al-Maqdis, depuis affilié à l’Etat Islamique, qui a fait 4 morts et 70 blessés.
Une volonté politique de protéger l'héritage égyptien
Cette explosion meurtrière a aussi partiellement détruit la façade du musée ainsi que 179 pièces antiques, notamment des lanternes en verres de l’époque Mamelouk. La quasi-totalité de ces pièces ont aujourd’hui été restaurées. La nouvelle muséographie montre également les débris de certaines verreries, que les restaurateurs n’ont pas voulu toucher. Une façon de se souvenir des victimes et de montrer aux visiteurs les dégâts causés par les attaques terroristes. L’inauguration a donc pris des tournures politiques, et pour le ministre des Antiquités, Khaled el-Anini, cette réouverture prouve la volonté de l’Egypte de protéger son héritage, et de ne pas laisser le terrorisme s’attaquer à l’art et à la culture.
Les Emirats arabes unis, l'Italie, les Etats-Unis et l'Unesco ont participé
C’est une collection assez diverse, composée d’objets datant du VIIe au XIXe siècle venus de tout le monde musulman, notamment d’Iran, d’Inde, de Syrie, d’Irak. On retrouve des pièces en bois, des céramiques de l’époque fatimide, des bains de style islamique, des pièces de monnaie frappées par les différents califats qui se sont succédé. Il y a aussi un remarquable Coran, le premier qui aurait été écrit en arabe sans les points, il a appartenu au calife Uthman ibn `Affan. En tout le musée gère une collection de 100 000 pièces, 5 000 sont exposées. La restauration du musée a pu se faire assez rapidement grâce à des financements extérieurs : les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, l’Italie et l’Unesco ont financé le chantier.
Un partenariat avec le Louvre
Le bâtiment situé aux portes du Caire islamique, comporte une belle façade de style néo-Mamelouk, dans la cour intérieure, s’y trouve une fontaine du XIXe siècle provenant de l'île de Roda. Pour faire vivre le musée, une convention de partenariat avec le Louvre a été signé, pour des expositions temporaires, des conférences ou des échanges d’expertises. Cette réouverture inaugure, ce qu’on peut appeler « l’année des musées en Egypte », puisque un grand musée de la civilisation égyptienne va également ouvrir ses portes à la mi-février, le Nemec, retraçant la riche histoire du pays en évoquant les influences pharaoniques, coptes, gréco-romaines, juives du pays.
Et enfin en 2018 ouvrira le GEM, le Grand musée égyptien, un projet titanesque, les salles d’exposition et de conservation accueilleront plus de 100 000 objets issus de l’époque des Pharaons, à deux pas des grandes pyramides de Guizeh. C’est donc plus que jamais le temps de visiter l’Egypte, un pays qui, on le rappelle, a perdu 60% de ses touristes par rapport à 2010.