En Egypte, les musées paient un lourd tribut à l’insécurité politique

L'Unesco a décidé de voler au secours du Musée d'art islamique du Caire. C'est l'un des plus vieux et des plus importants musées islamiques du monde. Il a été fortement endommagé vendredi dernier par l'attentat contre le quartier général de la police.

De notre correspondant au Caire,

Le Musée d'art islamique du Caire est à première vue dans un état catastrophique. La façade du musée est comme passée au papier de verre. Les décorations en carreaux de céramique de Kutahia en Turquie ont disparu. Le portail en bois massif a été soufflé par l’explosion. Les images dont on dispose de l’intérieur du bâtiment sont pires. Un lampadaire arraché par l’explosion a été propulsé en plein musée. Les faux plafonds se sont effondrés. Certaines parties du musée sont pratiquement à ciel ouvert. Il y a des débris de verre partout, des vitrines défoncées, et des objets en miettes. Le musée exposait, en effet, la plus belle collection de lampes mameloukes, de vaisselle décorée, des niches de mosquées en bois. Ces chefs d’œuvres sont ceux qui ont le plus souffert.

Les autorités égyptiennes évaluent les dégâts

L'heure est à l’évaluation des dégâts. Les experts égyptiens, qui sont déjà à pied d’œuvre, sont secondés aujourd’hui par leurs confrères de l’Unesco. L’ambassadeur d’Egypte auprès de l’organisation a immédiatement tiré la sonnette d’alarme. On attend maintenant le rapport des experts pour évaluer le coût de la restauration du bâtiment et des objets. Rappelons que le musée islamique avait été fermé sept ans pour restauration avec la coopération du musée du Louvre avant sa réouverture en 2010. A l’époque les travaux avaient coûté dix millions d’euros.

Des pillages qui inquiètent

Le Musée des arts islamiques n'est pas le seul à avoir souffert depuis le soulèvement contre Hosni Moubarak le 25 janvier 2011. Ainsi, le Musée égyptien situé place Tahrir au Caire a été saccagé par des cambrioleurs au moment de la révolte. En l’absence des forces de l’ordre, ce sont les manifestants qui ont arrêté les voleurs et sécurisé le musée jusqu’à la chute de Moubarak.

L’année dernière, profitant des désordres qui ont suivi la destitution du président issu des Frères musulman, Mohamed Morsi, des voleurs ont attaqué le musée égyptien de Mallawi en Moyenne-Egypte. Plus de mille objets ont été volés tandis que les autres ont été fracassés. Une fois de plus, ce sont des activistes pour la défense du patrimoine qui ont été les premiers sur les lieux. Le ministre des Antiquités, toujours en poste, avait lui eu peur de se déplacer du fait de « l’insécurité ». Mais c’est aujourd’hui toute l’Egypte qui est en proie à un pillage de la part de voleurs de tombes amateurs.

Partager :