Ils sont des milliers à habiter ces préfabriqués, sous un soleil de plomb, aux confins du désert du Néguev, des milliers de demandeurs d’asile, en provenance d’Erythrée ou du Soudan, qui végètent là, parfois depuis des années, parqués par les autorités israéliennes.
Surréaliste ?
Créer, dans le camp de réfugiés de Holot, un atelier de théâtre, pouvait sembler a priori surréaliste. C’est pourtant le pari qu’a fait le cinéaste Avi Mograbi avec pour seule consigne celle–ci : faire rejouer aux demandeurs d’asile des situations vécues, souvent douloureuses... le projet de partir en exil, le départ, la confrontation au racisme dans la vie quotidienne en Israël.
Avec son ami le metteur en scène de théâtre Chen Alon, Avi Mograbi filme ici leur absurde situation de transit sans fin. Le théâtre devient ici thérapeutique et c’est la conjuration d’une violence, une tentative de libération.
Critique en règle
Toute l’œuvre d’Avi Mograbi est une critique en règle des agissements des gouvernements israéliens et ici, avec beaucoup d’humilité, il réussit un film puissamment politique, dans sa modeste mesure en libérant sinon les corps, du moins les imaginaires, et en donnant à des opprimés l’outil de leur propre conquête émancipatrice.