La Syrie au menu d'une réunion tripartite entre Russes, Iraniens et Turcs

Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères turc, iranien et russe se réunissent ce mardi sur la Syrie. Une réunion décidée quand la Russie a accepté le texte de la résolution des Nations unies sur l’envoi d’observateurs à Alep pour superviser l’évacuation des civils. Une réunion maintenue malgré l'assassinat hier, lundi 19 décembre, à Ankara de l'ambassadeur de Russie par un tireur qui disait vouloir venger les morts d'Alep. Les trois pays ont d'emblée assuré être prêts à être les «garants» de pourparlers de paix dans une déclaration commune.  

Avec cette rencontre, la Russie peut s’enorgueillir de réunir les principaux acteurs du conflit, dont elle a exclu, en tout cas pour l’instant, les Occidentaux et notamment les Américains.

La réunion de Moscou a été décidée pour organiser l’évacuation d’Alep, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Les Iraniens l’ont acceptée à condition que les rebelles lèvent le siège de plusieurs villages chiites. Les trois protagonistes n’ont pas les mêmes intérêts en Syrie, mais ils sont parfois convergents. La Russie a ainsi pu organiser le départ des rebelles d’Alep grâce à l’aide la Turquie qui a une certaine influence sur les groupes sunnites. En revanche la Turquie, contrairement à la Russie, ne veut pas entendre parler de l’implication des Kurdes dans le dossier syrien.

La présence de l’Iran montre à quel point ce pays est essentiel dans la crise syrienne alors que, jusqu’à récemment, Téhéran préférait agir dans l’ombre. L'Iran est allié à Bachar el-Assad et ce sont les combattants iraniens qui ont largement contribué à la victoire de Alep. Ils sont donc incontournables. Alors que les Turcs souhaitent toujours le départ de Bachar el-Assad.

Les Russes n’ont pas envie d’apparaître comme des soutiens de la cause chiite, et surtout, ils veulent trouver le moyen de sortir de ce conflit, surtout ne pas s’embourber en Syrie, et pour cela, il faut passer aux négociations politiques. Là encore ils ont besoin de la coopération des Turcs pour faire pression sur l’opposition et des Iraniens, pour faire pression sur le pouvoir syrien.

Donc ce n’est certainement pas le moment pour les Russes de se fâcher avec la Turquie. Ce qui explique l’attitude particulièrement mesurée des Russes après l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara.

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