La chute d'Alep serait un coup très dur mais d'un point de vue militaire et territorial, ce ne serait pas la fin de la rébellion syrienne, loin de là. Les rebelles syriens contrôlent d'autres territoires, moins importants d'un point de vue symbolique et politique, mais des territoires qui comptent tout de même, dans le nord et dans l'ouest de la province d'Alep, dans la province d'Idleb, dans celle de Hama, au nord de Homs, des territoires également dans la région de Damas, et dans le sud du pays. Enfin il y a les territoires conquis récemment , avec l'aide de la Turquie, dans le nord du pays.
La chute d'Alep-Est ne signifierait pas la fin de la rébellion syrienne, mais celle-ci se retrouverait concentrée sur des territoires fragmentés, réduits, et essentiellement ruraux. Du point de vue de Bachar el-Assad, ce serait donc une victoire éclatante. Le régime syrien dans ce scénario contrôlerait la plupart des grandes villes du pays, et serait en position de force d'un point de vue diplomatique et politique, dans l'hypothèse de nouvelles négociations internationales.
Bachar al-Assad verrait également sa position nettement renforcée sur le terrain militaire, et cela au meilleur moment puisque la donne internationale sur la Syrie pourrait changer avec l'arrivée au pouvoir aux Etats-Unis de Donald Trump.
Une situation humanitaire catastrophique
Plus de 10 000 civils ont fui les combats. Ceux qui restent vivent dans des conditions humanitaires difficiles.
La situation humanitaire se dégrade donc rapidement dans les quartiers assiégés du sud-est d’Alep, où sont retranchés des centaines de rebelles qui ont fui l’avancée fulgurante de l’armée syrienne. Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahman, a indiqué au correspondant de RFI à Beyrouth, Paul Khalife, que la fermeture des voies de contrebande, qui passaient par le quartier kurde de Cheikh Maksoud, rend la situation encore plus précaire. Désormais, plus rien ne passe.
Dans le même temps, l’armée syrienne et ses alliés maintiennent leur pression sur les derniers secteurs qui leur échappent encore. Lundi 28 novembre, les avions et l’artillerie ont pilonné toute la journée les positions des insurgés, faisant de nombreuses victimes, civiles et militaires. Les troupes gouvernementales concentrent leurs attaques sur Hay al-Chaar, proche de la vieille ville d’Alep.
Dans les secteurs pris par l’armée syrienne au nord-est de la ville, 80 000 civils auraient choisi de rester, selon le Centre russe pour la réconciliation, qui opère à partir de la base aérienne de Hmeimim. A Lattaquié, 5 000 autres personnes auraient rejoint la zone gouvernementale, et autant le quartier de Cheikh Maksoud. Les rebelles contrôlent toujours une zone de 45 kilomètres carrés au sud-est d’Alep. Mais encerclés, privés de ravitaillement et démoralisés, leurs options sont désormais très limitées.
La France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU , pour examiner la situation, véritable «catastrophe humanitaire» que vivent les civils dans la ville syrienne.