L'armée russe a annoncé le début d'une opération d'ampleur contre les positions de l'organisation Etat islamique et al-Nosra dans les régions d'Idleb et d'Homs, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Et pour la première fois, ce sont des chasseurs-bombardiers embarqués sur le porte-avions russe Amiral Kouznetsov qui ont mené des frappes sur les positions des groupes jihadistes.
L'annonce en a été faite par le ministre de russe de la Défense Sergueï Shoigu, au cours d'un entretien avec le président Poutine. « Nos avions SU-33 ont pris leur envol depuis l'Amiral Kouznetsov qui, pour la première fois dans l'histoire de la flotte militaire russe, a participé à une opération militaire ».
La ministre a précisé que des missiles de croisière avaient également été lancés à partir de la frégate Amiral Grigorovitch. Des objectifs terrestres ont aussi été visés par des systèmes de missiles de défense côtière Bastion.
Alep à nouveau sous les bombes
Dans le même temps, l'armée de l'air syrienne a bombardé pour la première fois depuis le début de la trêve décrétée par la Russie il y a trois semaines des zones résidentielles dans la partie est d'Alep, tenue par les rebelles. Il y aurait au moins cinq morts selon l’ONG Observatoire syrien des droits de l’homme.
« Nos maisons sont secouées par le souffle des explosions, des avions nous survolent et les bombardements ont lieu autour de nous », témoignait mardi un habitant d'Alep. Les chasseurs-bombardiers syriens ont lancé deux vagues de raids contre huit quartiers au moins, tenus par les rebelles. Les appareils ont tiré des missiles et largué des barils d’explosifs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Trois hôpitaux ont été détruits, selon Abou el Haythem el Hour, militant de l’opposition : l'hôpital Ansar International, l’hôpital Bagdad et l’hôpital Al Atareb. « Ces trois hôpitaux étaient primordiaux. Les plus d’un million de déplacés qui vivent dans la campagne à l’ouest d’Alep s'y rendaient pour être soignés. Ils sont totalement hors de fonction. La région à l’ouest d’Alep ne dispose désormais plus d’aucune structure de santé », affirme-t-il.
Combats signalés au nord-est d'Alep
Parallèlement aux raids aériens, des combats ont éclaté entre les rebelles et l’armée gouvernementale au nord-est de la ville, un front relativement calme depuis près d’un mois, explique notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Cette dégradation de la situation militaire est intervenue à la fin d'un ultimatum de 24 heures lancé par le régime aux rebelles.
Damas leur avait demandé de rendre les armes et d'évacuer les quartiers est d'Alep. Des avions syriens avaient largué des tracts et envoyé des SMS aux habitants de ces secteurs, leur demandant de s’éloigner des positions des insurgés, qui allaient être prises pour cible. Ces pressions militaires et psychologiques ont pour but d’isoler les rebelles de la population civile dans les quartiers assiégés.
Cette stratégie a partiellement réussi, puisque des habitants, qui souffrent de pénuries, ont investi mardi des entrepôts pour tenter de s’emparer de produits alimentaires, stockés par des ONG. Selon la chaîne de télévision panarabe al-Mayadeen, proche de Damas, des rebelles ont tiré en l’air pour disperser la foule.
Trump sera un « allié naturel » de Damas
Une commission de l'Assemblée générale de l'ONU a condamné dans une résolution (non contraignante) les attaques croissantes contre les civils à Alep et l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien. La Russie et l'Iran, alliés de Damas, ont voté contre.
Le département d'Etat américain a condamné les frappes « inexcusables » de Moscou et Damas, la première opération d'envergure menée en Syrie depuis l'élection de Donald Trump à Washington. Le président américain élu souhaite entretenir de meilleures relations avec la Russie et a laissé entendre le weekend dernier dans une interview au New York Times qu'il allait travailler plus étroitement avec Moscou sur la Syrie.
Dans un entretien diffusé mardi soir par la télévision publique portugaise RTP, Bachar el-Assad a affirmé que le prochain président des Etats-Unis serait un « allié naturel » s'il luttait contre le terrorisme. C'était la première réaction du président syrien à l'élection du candidat républicain.