Trêve à Alep: la difficile évacuation des civils

La trêve décrétée par Moscou dans la ville syrienne d'Alep doit expirer samedi 22 octobre au soir. Mais seule une poignée de civils et de rebelles ont pour l'instant quitté les quartiers assiégés. L'ONU juge les conditions de sécurité insuffisantes pour évacuer des blessés.

La « pause humanitaire », entrée en vigueur jeudi matin, doit prendre fin ce samedi 22 octobre à 19h (16h TU), selon Moscou. Mais les huit corridors établis pour permettre aux habitants et aux rebelles qui le souhaitent de quitter les quartiers est de l'opposition, où vivent plus de 250 000 habitants, sont pour l'instant restés déserts, rapporte l'Agence France-Presse (AFP).

« Jusqu'à maintenant, personne n'est sorti par les couloirs, a confirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Des comités populaires civils venant des quartiers du régime sont entrés dans les quartiers est pour tenter d'évacuer des blessés, mais ils n'ont pas réussi. » Au final, seuls huit rebelles blessés et sept civils ont emprunté les corridors humanitaires, indiquait vendredi soir à Moscou le général Sergueï Roudskoï, un haut responsable de l'état-major russe.

« Nombreux blessés »

Selon l'ONU, 200 personnes blessées et malades doivent être évacuées de toute urgence des quartiers rebelles d'Alep. Joint par RFI, le vice-président de l'Union des organisations syriennes de secours et soins médicaux (UOSSM) parle de près d'un millier de personnes « qui nécessitent une prise en charge très rapide. Mais parmi ces mille personnes, il y a pratiquement plus de 280 enfants qui nécessitent une intervention très rapide, surtout chirurgicale, et une prise en charge immédiate. S’ajoutent à cela des personnes qui nécessitent une prise en charge mais qui peut-être est moins urgente. »

Oubaida Al-Moufti assure que le Croissant-Rouge syrien, l’ONU et l'UOSSM étaient « prêts pour recevoir les blessés dans nos différents hôpitaux du nord de la Syrie. Nous avons préparé des convois pour acheminer le matériel et les médicaments, et les médecins à l’intérieur. »

A l'ouest, l'attente des ONG

Dans la partie ouest de la ville, les organisations humanitaires attendent toujours que la situation se stabilise. Joint sur place par RFI, Ingy Sedky, de la Croix-Rouge regrette que les tirs se poursuivent, ce qui les empêche de travailler.

« Nous faisons appel à tous ceux qui sont en train de combattre à Alep, [leur demandant] de se mettre d’accord et pour que nous puissions faire notre travail ici, parce qu'autrement, des centaines et des milliers de personnes vont le payer cher », alerte l'humanitaire, soulignant une fois de plus l'urgence « d’évacuer les malades et les blessés de la partie est d’Alep ».

Et de rappeler que sur place, les organisations humanitaires disposent de « tout le matériel nécessaire qui peut sauver des vies » : nourriture, équipement médical, médicaments et eau potable. « Mais tant que les parties qui sont en train de combattre à Alep ne se mettent pas d’accord, c’est impossible pour nous de fournir cette aide », déplore-t-il.

A l'est, la peur des habitants

A Alep-Est les habitants continuent de vivre dans la peur, car ils craignent la reprise imminente des bombardements. « On a tous peur, moi comme tous les habitants de la ville, confie Ismail Abudllah, un habitant joint par RFI. On a peur de ce qui va se passer après, quand les bombardements vont reprendre ! »

Comme beaucoup dans les quartiers est de la ville, Ismail espérait l'évacuation prochaine des blessés, « mais finalement elles n'ont pas pu avoir lieu », regrette-t-il, profondément déçu. « Il n'y a plus d'espoir pour ces blessés. Je suis inquiet pour eux, ils pourraient perdre la vie parce qu'il n'y a pas de médicaments ou d'aide médicale. »

Moscou accuse les rebelles

Les autorités russes et les médias étatiques syriens ont accusé les rebelles d'empêcher toute personne de quitter leur secteur. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a même assuré que les combattants avaient recours « aux menaces, au chantage et à la force brute » pour bloquer les couloirs.

Mais malgré ces conditions sécuritaires insuffisantes pour permettre l'évacuation des civils, les Nations unies demandent à la Russie de prolonger la trêve jusqu'à lundi soir.

 → A (RE)LIRE : L'UE condamne l'offensive russe à Alep, mais n'opte pas pour des sanctions

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