Tensions entre Le Caire et Riyad: après le grand froid, l'accalmie

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a multiplié les déclarations visant à minimiser la tension entre Le Caire et Riyad après la décision de l'Arabie saoudite de suspendre ses livraisons de carburant du mois d'octobre suite à un vote de l'Egypte en faveur d'un projet de résolution russe au Conseil de sécurité de l'ONU.

De notre correspondant au Caire,

Entre Le Caire et Riyad, l'accalmie succède à la période de grand froid. Parallèlement aux déclarations du président Sissi soulignant que les relations avec l’Arabie Saoudite étaient stratégiques, la Grande mosquée d’al-Azhar s’est excusée d’avoir participé à une conférence islamique en Tchétchénie qui a qualifié la doctrine wahhabite saoudienne d’« extrémiste » et l’ambassadeur plénipotentiaire d’Arabie a fait un voyage éclair à Riyad. Bilan : l’Arabie Saoudite a fait un dépôt de deux milliards de dollars à la banque centrale égyptienne. Une bouffée d’oxygène au moment où la livre égyptienne fait face à une dévaluation incontrôlée.

La fin de divergences entre Le Caire et Riyad ?

Ce n'est pas pour autant la fin des divergences entre Le Caire et Riyad : cette accalmie témoigne plutôt de la fin de la mise en garde saoudienne. Régler les divergences sera plus long car celles-ci ne datent pas d’hier. Elles ont éclaté au grand jour il y a un an avec l’intervention saoudienne au Yémen contre la rébellion houthie. L’Egypte, qui fait partie de la coalition menée par Riyad, a refusé d’envoyer des troupes au sol. Les militaires égyptiens gardent un souvenir cuisant de leur intervention au Yémen dans les années soixante : un « Vietnam » ! Concernant la Syrie, l’Egypte, contrairement à l’Arabie saoudite, ne cherche pas la chute de Bachar el-Assad et le considère comme un moindre mal.

Une dimension intérieure égyptienne

L’affaire des deux îles à l’entrée du golfe d’Aqaba en mer Rouge n'est pas étrangère à la tension entre les deux pays. En avril, l’Egypte et l’Arabie ont signé un accord en vertu duquel Le Caire remettait les deux îles à Riyad. Un accord qui a provoqué un tollé au sein d’une bonne partie de l’opinion égyptienne. La répression n’y a rien changé et, pour le moment, le gouvernement ne semble pas pressé de faire entériner l’accord par le Parlement. Le Caire estime que cela risque d’être un catalyseur transformant la vague de mécontentement dûe à la hausse des prix en mouvement social difficile à juguler.
 

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