Bombardement sur le Yémen: Riyad annonce une enquête, Washington «troublé»

Au Yémen 140 personnes ont été tuées et plus de 500 autres blessées lors d’un raid aérien meurtrier à Sanaa. Le bombardement visait un rassemblement des rebelles houthis. Les regards se tournent vers l’Arabie Saoudite et sa coalition arabe en guerre dans ce pays depuis un an et demi. Dans un premier temps Riyad a nié toute implication. Puis, les autorités saoudiennes ont annoncé dans la nuit l’ouverture d’une enquête immédiate.

Pour les rebelles houthis nul besoin des conclusions de cette enquête. Ils savent qui les a bombardés et accusent directement l’Arabie Saoudite. Ils l’ont clamé ce dimanche lors d’une manifestation sur une place de Sanaa. Baptisé « Volcan de la colère », le rassemblement a réuni des milliers de personnes.

Le royaume voisin et sa coalition de pays arabes écrasent le Yémen sous un tapis de bombes depuis mars 2015. Des frappes aériennes parfois aléatoires. Des habitations, des écoles et des hôpitaux sont régulièrement détruits. La monarchie saoudienne intervient officiellement à la demande du gouvernement yéménite en exil, chassé par la minorité houthie.

Ces rebelles houthis sont chiites, ils sont proches de l’Iran ennemi juré des Saoudiens, qui n’ont pas eu besoin de plus de raisons pour enclencher leur machine de guerre.
Samedi soir le bombardement provoque un massacre à Sanaa la capitale. Il vise des houthis rassemblés dans une salle à l’occasion d’une veillée funèbre. Le bâtiment prend feu et finit par s’effondrer.

Le malaise de Washington

« Profondément troublés », les Etats-Unis, alliés de Riyad, annoncent désormais le réexamen de leur soutien à la coalition. Ces derniers mois cette aide avait déjà été réduite. Selon François Géré, président de l’Institut français d’analyses stratégiques, les relations entre les deux pays sont « plutôt mauvaises » et pour plusieurs raisons « à commencer par le vote par le Congrès d’une loi sur les responsabilités des diplomates saoudiens liées au 11 septembre 2001 » mais l'action de l'Arabie saoudite au Yémen suscite également « de fortes réticences ».

Cependant l'administration américaine ne veut pas sanctionner l'Arabie saoudite en raison d'un « risque énorme sur le plan financier », poursuit François Géré. « Les Saoudiens à plusieurs reprises ont menacé éventuellement de retirer ses avoirs, qui sont de l’ordre de plusieurs milliards de dollars. Et donc une rupture avec l’Arabie saoudite n’est pas envisageable. En revanche, effectivement, cesser d’appuyer notamment au Conseil de sécurité des Nations unies la position de l’Arabie saoudite fait partie des évolutions diplomatiques possibles des Etats-Unis ».

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