Avec notre correspondante à Amman, Angélique Férat
Libéré de prison il y a deux semaines, Nahed Hattar a été abattu sur le chemin du tribunal. L’homme était plus connu pour ses déclarations coups de gueule, son esprit provocateur que pour ses écrits. Il soutenait également haut et fort le président syrien Bachar el-Assad.
Caricature
En août 2016, il publiait sur Facebook une caricature. On y voyait un combattant de l’Etat islamique, mort au combat, et qui donc arrive au paradis. Il est assis avec deux femmes à ses côtés et il hèle Dieu pour lui demander du vin. Ce dessin ironisait sur le discours jihadiste qui promet aux combattants morts un paradis décomplexé.
Inculpé d'insulte à la religion
Mais le message n’est pas passé. Le public et les milieux religieux jordaniens ont crié au scandale. Nahed Hattar a été emprisonné et inculpé d’insulte à la religion. Un crime dans le code jordanien qui peut valoir jusqu’à un an de prison. La Jordanie est un pays à majorité sunnite. Il y est impossible de critiquer la religion et seuls quelques-uns s y risquent.
Qui est l’assassin de l’écrivain ?
Le tueur a été arrêté, il s’agit d’un Jordanien de 49 ans. Ses motivations sont apparemment religieuses. C'est ce qu’il a déclaré à la police. Il se devait de punir un homme qui ne respecte pas Dieu, a-t-il dit. Le tueur a clairement lié son geste à la caricature publiée en août dernier par l’écrivain jordanien. L’homme vit dans une de ces villes de la banlieue d'Amman où le salafisme et un islam strict sont la règle. On sait qu’il revient tout juste d'Arabie saoudite ou il a accompli l'un des piliers de l'islam, le pèlerinage.
L'homme attendait Nahed Hattar devant le tribunal. Il a tiré trois fois et s'est rendu à la police. Il a été rapidement présenté devant la Haute Cour criminelle. Le juge l’a accusé de crime avec préméditation et d'acte terroriste. Il sera donc présenté ultérieurement devant la Cour de sureté de l'Etat, une cour militaire qui traite toutes les accusations de terrorisme.
Le gouvernement a réitéré dans l’après-midi sa condamnation, en insistant sur un point : ce type de crime est étranger à la société jordanienne.