Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Le bilan dressé par le chef des opérations humanitaires de l'ONU est terrifiant. Stephen O'Brien détaille les souffrances des populations, et clame sa volonté d'agir.
En août, pas un convoi n'a pu être envoyé. Tout est prêt pour des interventions d'urgence, assure-t-il, mais l'insécurité bloque les humanitaires - au moins130 casques blancs sont déjà morts. Pour septembre, un plan a été soumis aux autorités syriennes pour atteindre 34 localités assiégées ou difficiles d'accès, et venir ainsi en aide à 2 million de civils.
A Alep, partagée entre rebelles et forces gouvernementales, soumise aux bombardements quotidiens, Stephen O'Brien redoute un drame d'une ampleur encore jamais vue depuis cinq ans qu'a démarré le conflit, alors qu'il qualifie déjà la Syrie de « plus grande crise de notre époque. »
« Je suis en colère. Très en colère. Ce carnage impitoyable qu'est la Syrie a depuis longtemps dépassé le cynisme pour devenir un pêché. Ce qui se passe à Alep aujourd'hui et dans tout le pays depuis cinq ans est un affront à toute moralité qui nous confère notre qualité d'être humain. C'est notre échec politique à tous. Alors s'il vous plaît, c'est maintenant le moment de mettre de côté les différences, de se réunir et de stopper, une fois pour toute, cette honte humanitaire qui pèse sur nous tous. »
En fin de session, le représentant de la Syrie a présenté sa vision des choses, bien différente de celle de la majorité des membres du Conseil de sécurité. Son homologue français a alors souhaité reprendre la parole pour qualifier immédiatement les propos d'« élucubrations grotesque et dérisoires ». La relance des négociations politiques s'annonce donc compliquée.