Syrie: des humanitaires s’alarment des conséquences des combats dans le nord

Les combats se poursuivent en Syrie, en particulier dans la ville d'Alep, dans le nord du pays. Alep devenue, selon le Comité international de la Croix-Rouge, l'un des conflits urbains les plus « dévastateurs de notre époque ». Il est donc urgent qu’une trêve humanitaire soit respectée afin que la population, prise au piège dans la ville, puisse obtenir l'aide dont elle a cruellement besoin. Human Rights Watch dénonce également les « raids haineux » contre les civils dans le Nord.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs sur le terrain, au moins 23 civils dont plusieurs enfants ont été tués par des frappes aériennes dans des quartiers tenus par la rébellion. Pour le CICR, il y a urgence : les belligérants doivent observer une trêve humanitaire afin que l'aide puisse parvenir aux civils, pris au piège des combats entre les forces loyalistes et les rebelles.

« L’accès n’est pas suffisant pour l’instant, déplore Krista Armstrong, l'une des porte-paroles de l'organisation, interrogée par RFI, et c’est pour cela qu’on demande sans relâche d’avoir un accès beaucoup plus régulier et beaucoup plus sûr à toutes les populations qui sont affectées. »

Le CICR demande aussi aux combattants de chaque camp d’arrêter « les attaques aveugles ». Pour Kritina Armstrong, ils doivent s’engager à « protéger les hôpitaux et protéger bien sûr les lieux publics, simplement distinguer les cibles militaires, des zones qui devraient absolument être protégées en tout temps. »

Armes incendiaires: HRW accuse la Russie

L'intensité des combats préoccupe également Human Rights Watch, qui dénonce des « raids honteux » sur les civils. L'ONG reproche à la Russie et au régime syrien d'avoir utilisé des armes incendiaires à au moins 18 reprises depuis le mois de juin dans le nord du pays. Ces armes pouvant causer de graves brûlures sur les humains et provoquent des incendies sur les infrastructures touchées.

« Nous avons déjà documenté l’utilisation de ces armes depuis 2014 par le régime syrien, explique Nadim Houry, directeur adjoint de HRW pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Mais ces neuf dernières semaines, donc depuis la ré-intervention des Russes en Syrie, nous notons une augmentation des utilisations. Nous avons documenté 18 cas où l’on a pu confirmer avec des photos, des vidéos et des témoignages, [cette] utilisation. Ce qui est nouveau, c’est qu’on commence à avoir maintenant l’utilisation de ces armes par l’aviation russe. »

Nadim Houry rappelle d’ailleurs que Moscou est signataire du troisième protocole qui régit l’utilisation de ces bombes incendiaires et qui « interdit l’utilisation de ces bombes dans les villes et là où il y a des rassemblements de personnes ».

« On a eu des images qui montrent ces armes en train d’être montées sur des avions russes avec des indications très claires en lettres cyrilliques. Donc ils viendraient de la Russie. Après est-ce que c’est simplement de la Russie ou d’autres pays, on ne sait pas. »

Partager :