Cette ONG s'appelle United Against Nuclear Iran (Unis contre le nucléaire iranien). Il s'agit d'une organisation créée par d'ex-ambassadeurs américains très influents politiquement et un ancien directeur de la CIA. Le directeur de cette organisation n'est autre que Joseph Lieberman, l’ancien sénateur démocrate et ex-candidat en 2010 à la vice-présidence des Etats-Unis.
Concrètement, cette ONG menace les entreprises françaises. Elle dresse d'abord une liste des risques auxquelles les sociétés françaises mais aussi européennes vont s'exposer en travaillant en Iran, comme les prises d’otages des employés ou les attaques informatiques.
Mais surtout, cette ONG adresse une lettre à une dizaine de grands groupes français qu'elle menace de poursuites judiciaires, voire de tout faire pour les empêcher d’accéder au marché public américain.Le Parisien a d’ailleurs publié un courrier envoyé au groupe Vinci où l’ONG lui rappelle explicitement qu’il est un grand bénéficiaire de contrats avec l’Etat fédéral. Un tel message aurait aussi été envoyé à PSA, Renault ou encore Total.
Mais l’ONG dénonce avec beaucoup moins de zèle Boeing qui, comme Airbus, a signé une méga-commande en Iran. Contactés par RFI, ni Vinci ni Airbus n’ont voulu faire de commentaires à ce sujet. Les entreprises françaises sont ciblées particulièrement parce qu’elles sont bien implantées en Iran et y jouissent d’une très bonne réputation. Elles ont donc une longueur d’avance sur les entreprises américaines.
Guerre commerciale depuis la levée des sanctions
Dans cette guerre commerciale depuis la levée d’une partie des sanctions contre l’Iran, l'emploi est le principal enjeu. Le marché iranien est très convoité. Le pays est très riche en hydrocarbures. Il est premier pour les réserves mondiales de gaz et quatrième pour celles de pétrole. Avec une population de 78 millions d’habitants, l'Iran représente un marché important dans la région. Mais il manque de tout après des années d’embargo.
Selon les propos du directeur de l’ONG publiés par Le Parisien, BNP Paribas et Société générale ont déjà fait savoir qu’elles ne faciliteraient pas les échanges avec l’Iran. BNP Paribas a déjà payé une amende record de près de 8 milliards d’euros à l’administration américaine pour avoir opéré des transactions en dollars avec l’Iran, le Soudan et Cuba, et donc brisé l'embargo américain sur ces pays.
Tout cela confirme les informations obtenues par RFI au début de l’année. Une de nos sources nous affirmait que les banques européennes, lors de leurs négociations avec les autorités américaines pour éviter des poursuites judiciaires en échange d’amendes, se sont engagées à ne pas travailler avec l’Iran pendant deux ans. Cela pose un problème majeur, car les entreprises françaises qui veulent investir en Iran vont avoir du mal à trouver des financements.
Pression sur les banques
Le président iranien Hassan Rohani a encore affirmé mercredi 3 août que si l'Iran a pu augmenter ses exportations de pétrole depuis l’accord sur le nucléaire, « dans d'autres secteurs, les choses avancent avec lenteur ». Et ce notamment en raison du refus des « grandes banques qui subissent des pressions ».
Conclu en juillet 2015 entre l'Iran et les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), l'accord nucléaire est entré en vigueur à la mi-janvier 2016. Il a permis la levée d'une partie des sanctions internationales imposées à l'Iran en échange de l'engagement de ce pays de limiter son programme nucléaire au secteur civil et de ne pas se doter de l'arme atomique.