Egypte: six détenus accusés d’avoir tué un Français en 2013 condamnés

La cour d'assises du Caire a condamné dimanche 15 mai six personnes à sept années de prison pour le meurtre en 2013 d'Eric Lang, un citoyen français qui vivait en Egypte. L'affaire avait été soulevée lors de la visite d'Etat du président Hollande dans le pays. La famille d’Eric Lang avait porté plainte contre le ministère égyptien de l'Intérieur pour « séquestration et non-assistance à personne en danger ».

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Eric Lang, qui vivait en Egypte depuis de longues années en tant qu'enseignant de français, a été battu à mort par ses codétenus dans la cellule du commissariat de Kasr el-Nil au Caire le 13 septembre 2013, a conclu le tribunal égyptien. Selon les actes du procès, Eric Lang, en état d’ébriété, avait été arrêté le 6 septembre 2013 dans le centre du Caire pour violation du couvre-feu.

L'Egypte était alors sous état d'urgence après la destitution du président Mohamed Morsi et l'intervention de la police contre des sit-in des Frères musulmans qui avaient fait un millier de morts. Selon la police, Eric Lang avait été placé en garde à vue prolongée faute de permis de séjour valide. C'est un de ses amis qui a prévenu avec un certain retard le consulat de France.

Selon l'enquête, une bagarre aurait éclaté en cellule et Eric Lang a été tué à coup de barres de fer et de câbles électriques. La famille et les avocats des six accusés, condamnés à sept ans de prison pour « coups ayant entraîné la mort », contestent cette version et accusent les policiers.

Autres responsabilités

Pour la famille d'Eric Lang, ce verdict ne met absolument pas un terme à l'affaire. « Depuis le décès d'Eric Lang, nous avons alerté différentes autorités judiciaires en France et en Egypte sur les autres responsabilités qui étaient présentes dans cette affaire, explique à RFI Raphael Kempf, avocat de la famille du Français mort en 2013. Tout d'abord la question de la non-assistance à personne en danger. Quand on a une personne qui est frappée à mort par six co-détenus, il était du devoir et de la responsabilité des policiers en charge de ce commissariat d'intervenir.

L'avocat pointe également une autre responsabilité : « l'abus d'autorité ou la séquestration. Eric Lang avait été libéré le lendemain de son arrestation par un magistrat égyptien. Cet ordre de libération n'avait pas été exécuté dès le lendemain de son arrestation, alors qu'il aurait dû être libéré. M. Eric Lang se trouvait en détention arbitraire qui a duré presque une semaine et qui s'est soldée par son décès. »

Des responsabilités occultées selon l'avocat par la justice égyptienne dans sa décision, puisqu'elle « ne se prononce absolument pas sur ces autres responsabilités. » Pour autant, la famille d'Eric Lang ne compte pas faire appel de cette décision « parce que cette décision concernait exclusivement les six co-détenus », précise Me Kempf, rappelant que ses proches ont déjà déposé plainte en Egypte et en France sur ces autres infractions. Aujourd'hui, ajoute l'avocat, sa famille « demande à la justice française et à la justice égyptienne d'enquêter sur ces autres infractions ».

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