Syrie: l'appel à l'aide de l'envoyé spécial de l'ONU pour sauver les pourparlers

C'est un processus de paix à bout de souffle qu'a défendu Staffan de Mistura devant le Conseil de sécurité à New York, alors que les bombardements sanglants s'intensifient dans la région d'Alep. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie s'exprimait par visio-conférence et a imploré les diplomates à tout faire pour sauver les négociations. Aucune date de reprise des pourparlers n'a été annoncée officiellement.

 Les pourparlers inter-syriens se sont clos sur une note très pessimiste, commente notre correspondante à New York, Marie Bourreau. Bien sûr, il y a eu un dialogue avec le gouvernement syrien et les forces de l'opposition, mais celui-ci a été totalement éclipsé sur le terrain par une violence sans précédent.

« Depuis 48 heures, un Syrien est mort toutes les 25 minutes et un civil est blessé toutes les 13 minutes », a affirmé Staffan de Mistura. Et ces violences font craindre aujourd'hui l'effondrement de la trêve.

Pour l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, le processus de paix est sans cesse confronté aux mêmes obstacles. Les violences sur le terrain d'abord. Illustration la semaine dernière, quand la délégation de l'opposition syrienne a suspendu sa participation aux pourparlers de Genève, pour cause d'intensification des combats, après quelques semaines de cessez-le-feu.

Quelle transition ?

Mais le dialogue inter-syrien se heurte aussi à des écueils politiques désormais bien connus, à commencer par la nature de la transition envisagée. Le régime de Damas propose un « gouvernement d'unité nationale », alors que l'opposition syrienne ne veut pas d'une transition sans départ de Bachar el-Assad.

Dans le document de 7 pages où il résume ses récents entretiens, Staffan de Mistura parvient à énumérer une quinzaine de « points de convergence » entre les deux camps ennemis, par exemple l'idée selon laquelle un futur organisme de transition devra inclure des membres du gouvernement actuel comme de l'opposition.

Mais c'est parce que le fossé reste immense que l'envoyé spécial de l'ONU en appelle désormais aux présidents russe et américain pour tenter de sauver le processus en cours.

Est-on à un point de rupture ?

Pour autant, l'envoyé spécial des Nations unies ne veut pas croire à un point de rupture, même s'il n'a pas annoncé officiellement de date de reprise des négociations. Il estime qu'il pourrait y avoir un ou deux autres cycles de pourparlers d'ici le mois de juillet.

Mais pour cela, il faudrait que la cessation des hostilités perdure, sans quoi c'est tout le processus qui s'écroulerait. Staffan de Mistura en a donc appelé solennellement aux présidents Barack Obama et Vladimir Poutine pour redonner un souffle à un processus de paix syrien bien moribond.

Bombardements meurtriers à Alep

Ces derniers jours, les bombardements dans la province d'Alep, notamment dans la ville éponyme, se sont multipliés, provoquant la mort de plus d'une centaine de civils depuis vendredi. Mercredi soir, au moins 20 civils ont été tués lors d'un raid aérien des forces gouvernementales syriennes contre un hôpital et un immeuble résidentiel contrôlés par la rébellion à Alep.

Les combats dans cette grande ville du nord-ouest de la Syrie ont fait au moins 30 morts, dont huit enfants, au cours des dernières 24 heures, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

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