Avec notre envoyée spéciale à Bagdad, Angélique Férat
Tout le secteur autour de la place Tahrir est fermé à la circulation et les préparatifs de la manifestation ont commencé dès jeudi soir. Moqtada al-Sadr, qui a organisé des campements et des manifestations devant la « zone verte », joue un bras de fer avec le Premier ministre et les autres partis chiites pour forcer les réformes. Politiquement, l’homme en a les moyens : son parti, fort de 34 députés, est populaire.
Le chef du parti chiite a appelé à manifester, dans le calme, une manière pour lui de se démarquer des autres partis chiites. Moqtada al-Sadr a aussi demandé l'aide des Nations unies et de la Conférence internationale islamique pour déloquer la situation. Certains l’accusent déjà de récupérer un mouvement né spontanément après la prise de contrôle d’une partie du territoire par l’organisation Etat islamique.
Un mot d'ordre : la lutte contre la corruption
Depuis un an, communistes, sadristes ou simples citoyens, tous sont d'accord : la corruption a mené le pays à la faillite et au bord du gouffre. Elle est responsable de la mauvaise qualité des services de base comme l'eau ou l'électricité. Les manifestants demandent que les corrompus soient poursuivis devant la justice mais les enquêtes anticorruption n’aboutissent pas en Irak.
Les manifestants remettent aussi en question la répartition des fonctions de l’Etat selon des critères confessionnels ou communautaires, mise en place à la chute de Saddam Hussein. Et bien sûr les partis au pouvoir traînent des pieds. Le Premier ministre al-Abadi n'a pas pu mettre en oeuvre ces réformes parce que certains responsables politiques sont directement concernés et les trois dernières séances du Parlement ont été proches du vaudeville.
Tous appellent au dialogue et même si chaque grand parti chiite dispose de puissantes milices, en pleine lutte contre l’organisation de l'Etat islamique, aucun groupe chiite n'a intérêt à se lancer dans une guerre intracommunautaire.
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