Avec la reconquête de Palmyre, Bachar el-Assad consolide son pouvoir. La libération de cette cité vieille de plus de deux mille ans lui offre une double victoire militaire et culturelle.
« Cette reconquête est aussi un coup de pub. C’est un message fort adressé à l’Occident », analyse Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie. Bachar el-Assad, qui se présente comme « le rempart contre le terrorisme » devient le sauveur des ruines de Palmyre. « La Perle du désert » est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Mais à travers cette libération, il y a également un second message adressé par le pouvoir syrien à la coalition militaire commandée par Washington. « Reprendre Palmyre est une nouvelle preuve de l'efficacité de la stratégie de l'armée et de ses alliés dans la guerre contre le terrorisme, en comparaison avec le manque de sérieux de la coalition menée par les Etats-Unis », a jubilé le raïs syrien devant une délégation de parlementaires français en visite à Damas.
Palmyre, première étape de la reconquête
Après la cité antique, cap à l’est pour les troupes de Bachar el-Assad et leurs alliés russes, iraniens et les combattants du Hezbollah. La reconquête de Tadmor (Palmyre en arabe) ouvre la voie vers Raqqa, capitale du califat autoproclamé du groupe Etat islamique. Mais aussi vers Deir Ezzor et les zones de l’est de la Syrie, riches en pétrole.
Damas le dit clairement, désormais Palmyre « sert de rampe de lancement ». Les troupes de Bachar el-Assad se consolident et renforcent leurs positions dans et autour de l’ancienne cité gréco-romaine. Et c’est à partir de là qu’ils poursuivent actuellement la reconquête.
La Russie, puissant partenaire de Damas, a déployé son aviation pour la bataille de Palmyre. Son soutien aérien a été indispensable. Les hélicoptères de combat et les avions de chasse ont facilité l’avancée des forces spéciales russes qui sont elles aussi directement engagées sur le terrain au sol.
Une opération permise par la trêve
Ces dernières semaines, l’annonce par Vladimir Poutine du début du désengagement militaire de son pays de Syrie, a beaucoup fait réagir. Cette victoire à Palmyre aux côtés de Bachar el-Assad met fin aux spéculations quant à la solidité de cette alliance russo-syrienne.
La couverture aérienne russe, bien que moins importantes désormais est toujours en place en Syrie. Plus globalement, cette opération d’envergure à Palmyre et dans l’est syrien est rendue possible grâce à la trêve en vigueur depuis plus d’un mois.
Le cessez-le-feu, qui exclut les jihadistes du Front al-Nosra et de l’EI, permet à l’armée syrienne et ses soutiens de mener des attaques ciblées, de se concentrer sur des régions précises. Plus besoin de faire la guerre sur tous les fronts.
Vaincre à Palmyre puis à Genève ?
Les négociations entre les délégations du régime et de l’opposition syrienne doivent reprendre mi-avril à Genève, sous l’égide des Nations unies. Mais ce succès à Palmyre renforce clairement Bachar el-Assad. Grâce à l’offensive militaire russe, le président syrien est remis en selle et devient de plus en plus intouchable sur le plan diplomatique.
De plus, avec cette reconquête de Palmyre, il prouve à ses détracteurs qu’il est effectivement en train de lutter contre le groupe Etat islamique. Il est le sauveur de « la Perle du désert » et ses antiquités sur lesquelles les jihadistes se sont acharnées. Les vidéos de l’EI faisant exploser le temple de Baalshamim, le temple de Bêl, mais aussi la destruction de statues comme celle du Lion d’Athéna, qui était dans le musée national de Palmyre, avaient profondément choqué l’opinion occidentale.