L'opération arabe qui a commencé le 26 mars 2015 se donnait comme objectif de défendre le gouvernement « légitime » du président Abd Rabbo Mansour Hadi et de chasser de la capitale les rebelles soutenus par l'Iran. Un an plus tard, elle n'a pas atteint ses objectifs et a fait des milliers de morts.
« Ensemble contre l'agression tyrannique saoudienne », indiquait une grande banderole affichée sur la place Sabine à Sanaa, bondée, alors que des avions de combat de la coalition survolaient les lieux, brisant le mur du son de manière à afficher leur force.
La manifestation a été appelée par le Congrès général du peuple, le parti de l'ancien président allié aux rebelles Ali Abdallah Saleh, apparu brièvement lors du rassemblement. « Depuis ici, nous tendons une main pour la paix, la paix des courageux, pour des pourparlers directs avec le régime saoudien sans passer par le Conseil de sécurité (de l'ONU) », a déclaré M. Saleh.
Il a cependant appelé le Conseil de sécurité à « émettre une résolution imposant un embargo sur les armes au régime saoudien », selon l'agence de presse Saba. Les rebelles Houthis ont organisé une autre manifestation dans le nord de la capitale, où des milliers de manifestants ont scandé des slogans hostiles à l'Arabie saoudite et aux Etats-Unis, a précisé l'agence.
Le conflit au Yémen a fait plus de 6 300 morts en un an, pour la moitié des civils, selon les Nations unies. Des organisations des droits de l'homme ont vivement critiqué la coalition en raison du nombre de victimes civiles, exhortant les Etats-Unis et d'autres puissances mondiales à cesser de vendre des armes à l'Arabie saoudite.
Bilan humanitaire désastreux
Le contexte était déjà préoccupant avant l’intervention de la coalition, mais depuis un an, les bombardements aggravent la situation. 14 millions de personnes souffriraient de malnutrition. Sous les bombes, même les humanitaires peinent à faire leur travail.
Myriam Pomarel revient tout juste du Yémen pour Médecins du Monde. « On a actuellement 25% des structures de santé qui fonctionnent. Les bombardements sont quasiment quotidiens et donc les populations sont prises un peu en otage pour avoir accès aux soins. Parfois la peur fait qu’ils ne vont pas se déplacer », déplore-t-elle.
Difficultés pour les populations et pour les bénévoles, au point qu’ils sont obligés de mettre en place des roulottes itinérantes pour administrer leurs soins.
Selon Hanalia Ferhan, chef de mission pour l’ONG Acted, au Yémen, les associations manquent cruellement de moyens. « 1,8 milliard de dollars, c’est ce qu’il faudrait. 4% à l’heure actuelle ont été apportés pour l’année 201. C’est une crise oubliée. 80% de la population a besoin aujourd’hui que des organisations apportent de la nourriture, de l’eau, des tentes, des couvertures », insiste-t-elle.
Ces ONG demandent à la scène internationale, dont les yeux sont braqués sur le conflit syrien, d'intervenir. Et si les Yéménites sont empêchés de quitter leurs frontières du fait d'un blocus aérien et maritime, 2 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays.