Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Leur crime ressemble plus à une blague de potache qu'à autre chose. Mais la sanction est lourde pour les quatre adolescents coptes âgés de 15 à 16 ans. Trois d'entre eux ont été condamnés à 5 ans de prison, le quatrième est déjà enfermé dans un centre de détention pour mineurs pour une durée indéterminée.
Avec un de leurs professeurs, lui aussi condamné à 3 ans de prison, ils avaient parodié dans une vidéo une décapitation telle que la pratique les jihadistes de l'organisation Etat islamique. On y voit un des adolescents mimer une prière musulmane, les autres gesticulants hilares autour de lui. L'un d'eux fait ensuite mine, avec le pouce, de décapiter celui qui priait.
« Une blague d'enfants n'est pas un crime »
C'est sur les dispositions juridiques concernant le blasphème que les quatre adolescents ont été condamnés. « Se moquer de (l'EI) ou de tout autre groupe religieux avec une blague d'enfants n'est pas un crime », a affirmé Nadim Houry, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient, dans un communiqué. Il a appelé les autorités à « révoquer l'article du Code pénal utilisé pour traduire en justice » les personnes soupçonnées de blasphème.
Une affaire qui en rappelle d'autres. En décembre, un intellectuel musulman, Islam al-Behairy, avait été condamné à un an de prison pour avoir critiqué le discours de certains imams et ainsi « mis en doute les enseignements fondamentaux » de l'islam. Et fin janvier, l'écrivaine Fatma Naout avait écopé de trois ans pour avoir dénoncé l'abattage rituel des animaux pour la fête du sacrifice, l'Aïd al-Adha.
Dimanche, le ministre de la Justice Ahmed el-Zind a été démis de ses fonctions après avoir provoqué un tollé en affirmant qu'il serait prêt à emprisonner « même un prophète ».