Avec notre envoyé spécial à Téhéran, Daniel Vallot
Massoud est commerçant, il a choisi de voter pour la liste des réformateurs et des modérés pour une seule raison : parce qu’elle soutient le président iranien et sa politique d’ouverture.
« On était dans une impasse, et tous les pays étaient contre nous. Mais grâce à Rohani, on a pu se sortir de cette situation et maintenant nous avons de bonnes relations avec le reste du monde, se félicite-t-il. Beaucoup de portes sont en train de s’ouvrir pour les Iraniens. C’est une bonne chose, et pour soutenir cette politique, je vais voter pour les réformateurs. »
Accord de Vienne
Trois ans après son élection, Hassan Rohani conserve un crédit important auprès de son électorat, qui salue l’accord de Vienne sur le nucléaire. Pour Mohammad Ali Vakili, candidat sur la liste des réformateurs et des modérés dans la ville de Téhéran, la levée des sanctions et l’application de cet accord joueront en faveur de son camp.
« Les gens ont vu que les promesses de Rohani ne restent pas lettre morte. Et avec ces élections ils espèrent encore davantage de changement. Bien entendu, depuis la levée des sanctions, nos adversaires n’ont cessé de noircir le tableau et ont essayé de dire aux Iraniens que rien n’avait changé. Mais les gens ne les croient pas ! assure-t-il. C’est vrai que depuis l’élection de Hassan Rohani, nous n’avons pas eu le temps de résoudre tous les problèmes, tempère le candidat, avant d'ajouter : Et puis n’oublions pas qu’un un mois seulement s’est écoulé depuis la levée des sanctions. »
Inquiétudes et méfiance
Mais pour le camp conservateur, l’accord de Vienne menace les fondements de la République islamique, car il ouvre la porte aux entreprises occidentales.
Et ces entreprises « pourraient avoir une influence négative en Iran », estime Abas, un électeur iranien. C’est pour cette raison qu’il votera pour la liste des conservateurs. « Si tout le monde sort gagnant de cet accord sur le nucléaire, ça me va. Mais ce qui m’inquiète, c’est de voir les pays occidentaux nous tromper. Je ne suis pas d’accord s’ils nous font un mauvais coup, soit maintenant soit à l’avenir », s’inquiète-t-il.
« Ça c’est déjà vu dans notre histoire, poursuit Abas. Avant la Révolution, les pays étrangers étaient présents en Iran et leur seul objectif c’était de nous exploiter. [… ] Des coups tordus, il y en a eu de la part de la France, de l’Angleterre et d’autres pays. Ces pays, on ne peut pas vraiment leur faire confiance, il faut qu’ils fassent leurs preuves. »
« Il n'y a pas eu assez de progrès »
Mais ce que de nombreux électeurs reprochent au président iranien, c’est surtout de ne rien avoir fait pour améliorer leur vie quotidienne. « La chose la plus importante en Iran c’est l’économie. Depuis trois ans et l’élection de Rohani, il n’y a pas eu assez de progrès. Pourtant, trois ans, c’est long ! L’emploi des jeunes c’est crucial. Mais aujourd’hui la plupart des jeunes ont de mauvais emplois, ou alors pas d’emplois du tout ! »
Mais la grande inquiétude des réformateurs et des modérés – bien plus que les arguments avancés par leurs adversaires, c’est le désintérêt d’une grande partie de la population pour ce scrutin. Les réformateurs ont en effet besoin d’une participation forte, au moins supérieure à 60% de l’électorat, pour espérer l’emporter.