Riad Hijab a fait toute sa carrière du sein du Baas, le parti au pouvoir en Syrie. Ministre de l’Agriculture lorsque le soulèvement syrien éclate en 2011, ce quinquagénaire sunnite est nommé Premier ministre de Bachar el-Assad l’année suivante.
Rencontré lors de passages à Paris en janvier 2016, Riad Hijab raconte qu’il n’a jamais souhaité cette promotion mais qu’à l’époque il lui a été fortement conseillé de ne pas la refuser.
Quelques semaines après sa nomination, coup de théâtre : Riad Hijab et ses proches fuient la Syrie à destination de la Jordanie. Nous sommes alors en août 2012, la télévision syrienne assure alors que le chef du gouvernement a été « limogé ».
Cette spectaculaire défection, Riad Hijab dit l’avoir payée cher : « j’ai été condamné à mort selon la loi anti-terroriste proclamée par Bachar El Assad après le début de la Révolution en Syrie, raconte-t-il, tous nos biens ont été saisis et revendus aux enchères. J’ai perdu plusieurs membres de ma famille, des proches… mais il fallait que je fasse défection ».
Reçu par François Hollande
Depuis décembre 2015, Riad Hijab est désormais le coordinateur du principal groupe de l’opposition syrienne, le HCN, qui rassemble des organisations politiques et militaires. Une plateforme soutenue par l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et les Occidentaux.
Riad Hijab a d’ailleurs été reçu par François Hollande en janvier dernier, au moment où se préparaient les discussions de Genève sur la Syrie. L’ancien Premier ministre syrien connait parfaitement les rouages du régime de Bachar el-Assad. Rad Hijab n’a pas de mots assez durs pour décrire le dirigeant de Damas, il l’accuse de « mentir » sans cesse ou encore d’avoir « livré la Syrie » à ses alliés russes et iraniens.
Possible dirigeant ?
Interrogés par RFI, plusieurs diplomates français assurent que Riad Hijab a fait « bonne impression » lors de son passage à Paris en janvier. Les pays qui soutiennent l’opposition syrienne voient-ils en lui un possible dirigeant au cas où une transition politique prenait forme, après cinq ans de guerre en Syrie ? L’hypothèse est envisageable dans la mesure où personne n’envisage de détruire les structures de l’Etat syrien ni d’entamer de vaste épuration au cas où l’après-Bachar se dessinerait un jour.
C’est d’ailleurs l’un des rares points de consensus entre des pays aux positions parfois très éloignées sur la crise syrienne : pas question de reproduire l’erreur de la « débaassification » de l’Irak qui a conduit au chaos dans ce pays.
Mais avant d’imaginer un destin national en Syrie pour Riad Hijab, il faudrait qu’un processus s’amorce à Genève, or les efforts de l’ONU semblent plus fragiles et menacés que jamais.