De notre correspondant a Beyrouth,
Sans être fédéral ou confédéral, le système politique libanais est basé sur une répartition des hautes fonctions de l'Etat entre les principales communautés religieuses. Les hautes fonctions de l'Etat sont réparties entre les trois grandes communautés : le président de la République est toujours un chrétien maronite, le Premier ministre est un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite, et ceci depuis l'indépendance, en 1943. Le principe de la parité entre chrétiens et musulmans, tous rites ou communautés confondues au sein de chaque religion, est appliqué lors de la formation des gouvernements et dans la composition du Parlement. La parité est scrupuleusement respectée sans prendre en considération le poids démographique des uns et des autres, sachant que les chrétiens représentent, tout au plus, 40% de la population.
Le Pacte national
Le Liban est considéré comme un Etat civil, bien qu'il soit géré par ce système confessionnel, ou l'appartenance communautaire est prise en compte dans tous les échelons du système politique, ou presque. La répartition confessionnelle, qui est appelée le Pacte national, a un objectif participatif. Elle empêche l'exclusion, la marginalisation ou l'isolement d'une communauté dans le processus de prise de décision politique. Mais les textes religieux, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, ne sont pas utilisés dans l'exercice du pouvoir. Le pays est gouverné à travers la Constitution, qui stipule l'égalité de tous devant la loi, et qui ne fait aucune distinction entre les Libanais sur une base religieuse. En revanche, les questions relatives au statut personnel, comme les mariages, les divorces et l'héritage sont jugées par des tribunaux religieux, qui relèvent de chaque communauté. Certes, le système garantit théoriquement la participation de tous dans le processus politique mais il maintient un cloisonnement entre les communautés, à cause du statut personnel. Cela n'empêche pas, toutefois, la multiplication des mariages mixtes.
La crise syrienne qui aggrave l'instabilité du Liban
Si le système libanais fonctionnait bien, il aurait empêché deux guerres civiles en moins de 40 ans et des crises politiques à répétition, comme celle qui dure depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, en 2005, et qui s'est aggravée depuis l'éclatement de la crise syrienne, il y a cinq ans. Les nombreuses imperfections et lacunes du système s'illustrent dans le blocage actuel de toutes les institutions et dans les influences régionales, les chiites et les sunnites étant appuyés respectivement par l'Iran et l'Arabie saoudite, comme le furent les chrétiens par l'Occident, il y a 40 ans. Les jeunes ne se retrouvent pas dans ce système qui a besoin de profondes réformes. Beaucoup pensent que le vivre-ensemble ne doit pas être imposé par des lois mais vécu au quotidien.