La Turquie et Israël entament un discret dégel

Après des années de froid, Israël et la Turquie auraient conclu un accord préliminaire en vue de normaliser leurs relations, a-t-on appris jeudi. Une annonce qui intervient alors qu’Ankara, en pleine crise avec Moscou, recherche désespérément de nouveaux partenaires.

Avec notre correspondant à IstanbulAlexandre Billette

Le temps est-il au dégel entre la Turquie et Israël ? Les deux pays en froid depuis des années auraient conclu une entente secrète à Genève, en vue de relancer leurs relations bilatérales. Une annonce surprenante après des années de politiques très sévères d'Ankara à l'égard d'Israël.

Les rapports sont au plus bas notamment depuis 2010, lorsqu'un bateau turc, le Mavi Marmara, avait été arraisonné par la marine israélienne alors qu’il tentait de briser le blocus de Gaza. Neuf militants avaient été tués. Depuis, les échanges sont limités au minimum, notamment au niveau diplomatique alors qu'il n'y a plus d'ambassadeur en poste dans les deux capitales.

Mais désormais en crise avec l'ensemble de ses voisins, la Turquie cherche des alliés. Son président Recep Tayyip Erdogan avait en quelque sorte annoncé la couleur, lundi, en affirmant que la région avait besoin de cette normalisation des relations entre les deux pays.

Si ce rapprochement a lieu, il sera notamment motivé par la crise avec la Russie et le besoin imminent d'Ankara de trouver de nouveaux partenaires commerciaux, notamment dans le secteur de l'énergie. Il risque cependant de froisser certains soutiens du président Erdogan, alors que les postures anti-israéliennes et pro-palestiniennes ont nourri les discours du pouvoir turc depuis plusieurs années.

Vu d'Israël

Des négociations secrètes se sont déroulées en Suisse, selon la presse israélienne, et les parties auraient réussi à s’entendre sur plusieurs points, rapporte notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon. Israël devrait compenser les familles de victimes turques tuées par son armée en 2010. En échange, la Turquie abandonnerait les poursuites contre des officiers israéliens. Ankara s’engagerait également à ne pas accueillir sur son sol certains responsables du Hamas.

Par ailleurs, Israël a découvert récemment d’importants gisements offshores. Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a justement signé un accord ce 17 décembre sur l’exploitation de ce gaz, qu’il compte en grande partie exporter. La Turquie est un client potentiel.

Partager :