De notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan
Dans sa petite maison de Bir Hassan, Hoda, 25 ans, trie ses dernières affaires. Elle s'apprête, avec ses quatre enfants et son mari, mécanicien, à prendre l'avion pour la Turquie. Leur objectif ensuite, atteindre l'Allemagne : « Quand nos voisins sont arrivés en Allemagne et nous ont raconté leur vie, on a décidé de partir. Mes enfants pourront faire de meilleures études, ils auront un futur. A Bir Hassan, il y a beaucoup d'enfants déscolarisés, de gens qui ne mangent pas à leur faim. Il n'y a pas d'Etat, il n'y a rien. »
Les Libanais n'ont pas besoin de visa pour la Turquie. De là, c'est la traversée en mer vers la Grèce. Ali, étudiant, raconte le périple de son frère Mahdi, 16 ans, hébergé dans un foyer en Allemagne : « Mahdi, quand il a embarqué depuis les côtes turques, la police a tiré. La traversée a durée trois heures. Après son départ, j'ai vu mes parents pleurer la nuit. Personne n'aime que son enfant parte ! »
Moustapha, chauffeur, a aussi tenté sa chance vers l'Europe. Mais à la frontière serbo-croate, il a décidé de rentrer avec sa famille au Liban : « La vie ne m'a pas plu, le froid, les problèmes entre migrants. En Allemagne, les conditions d'entrée se durcissaient. Je n'arrivais pas à couvrir les besoins de mon bébé. Je me suis dit, je ne suis pas venu pour que mes enfants soient humiliés! On a pris le taxi pour Belgrade, on est rentrés en avion. »
Revenu il y a deux semaines, Moustapha met en garde ses amis. Mais personne ne veut l'entendre.