Il y a quelques mois, des militants syriens et des ONG médicales avaient déjà affirmé qu'une attaque chimique avait eu lieu, et qu'elle avait touché des dizaines de personnes alors que des combats opposaient les groupes rebelles syriens présents dans la ville de Marea à des combattants de l'organisation Etat islamique (EI).
Selon des militants syriens qui se trouvaient sur place au moment des faits, plus de 50 obus avaient tirés par l'organisation jihadiste. Le groupe Etat islamique a déjà été accusée à plusieurs reprises ces derniers mois d'avoir eu recours à l'arme chimique, en Syrie comme en Irak. Selon le Wall Street Journal, l'EI se seraient procurés ces armes chimiques en puisant dans les stocks du régime syrien lorsque celui-ci avait été contraint de se débarrasser de ces armes sous la pression internationale, en 2013 et 2014.
Selon une autre hypothèse, la mouvance terroriste aurait été capable de fabriquer du gaz moutarde. « Le gaz moutarde est relativement facile à synthétiser, y compris par des organisations sub-étatiques, explique Olivier Lepick, historien des armes chimiques, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Ce qui n’est pas le cas des agents plus complexes comme les neurotoxiques ou les organophosphorés. Et donc il n’est pas impossible d’écarter l’hypothèse d’une fabrication en Irak ou en Syrie par des laboratoires clandestins. Particulièrement en petite quantité. On sait que ces quatre attaques supposées ont eu lieu avec des quantités relativement réduites d’agents. Il est possible que l’Etat islamique soit parvenu à maîtriser la synthèse du gaz moutarde. »
Comme à son habitude, l'OIAC ne désigne pas de coupables. Elle se contentera de transmettre son rapport à ses Etats membres. Aucune certitude sur l'ampleur de l'attaque, et sur le fait que c'est l'EI qui en est à l'origine. Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'arme chimique continue d'être utilisée dans le conflit syrien.
► à (ré)écouter l'invité de la mi-journée : Olivier Lepick de la Fondation pour la recherche stratégique